"Parfois, il y a des pépites qui sortent en salles et qui nous font aimer notre métier".
Voilà comment commence le discours du directeur de mon cinéma de quartier quand il présente absolument toutes les avant-premières qui passent chez lui. On pourrait l'accuser la plupart du temps d'en faire tout un fromage pour pas grand chose.
A l'exception de Vingt Dieux.
Vingt Dieux, c'est le sauvetage du cinéma français au buzzer de 2024. Abordant pourtant des thèmes casse-gueules (ruralité, précarité, prise de responsabilité d'un adolescent...) le film s'en sort à merveille tout en gardant un esprit léger. Alors qu'on nous tabasse de bons sentiments avec des films où le parisien va sauver le provincial, Vingt Dieux filme la réalité du quotidien au plus proche (en choisissant des comédiens dont c'est la vraie vie) et parvient à raconter une histoire pesante sans tomber dans le misérabilisme ou le miracle. Convoquant parfois le Teen Movie, Vingt Dieux joue à un numéro d'équilibriste. Louise Courvoisier (dont c'est le premier long-métrage) arrive à montrer l'âpre réalité, sauvée par la légèreté et l'insouciance des jeunes adultes.
Ce qui touche dans le film, c'est l'authenticité et la singularité des personnages. Une mention spéciale au personnage de Marie-Lise, interprété par Maïwène Barthélemy qui emporte le film dans une autre dimension. Alors que l'on a l'habitude de voir des pieds nickelés de la campagne, ajouter une nuance avec un personnage de jeune femme fermière débrouillarde permet au film de conter une histoire à plusieurs niveaux et perspectives différentes.
Tout paraît si juste et naturel, du bal du Jura à une démonstration de fabrication de Comté, que chaque comédien qui intervient y apporte sa touche personnelle, voire intime.
S'il n'y avait qu'un film français à voir en cette fin d'année, c'est bien celui-ci. Il nous montre que l'on peut faire un film populaire tout en restant proche de la réalité et profondément humain. Profitant déjà d'un fort bouche à oreille, le film commence à faire du brie et on souhaite tous les succès possibles, du box-office jusqu'aux Césars, à cette véritable Munsterclass.