La meule de l’emploi
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Nouvelle chronique adolescente après L’Amour Ouf et Leurs Enfants Après Eux, décidément un sujet à la mode cet hiver, Vingt Dieux est esthétiquement moins sophistiqué que les deux autres, moins rock dans sa mise en scène, mais plus abouti dans sa capacité à traduire son contexte social.
Ça pourrait le rendre plus austère, moins vivant, c’est tout l’inverse.
A la fois drame rural et comédie social (on pense beaucoup au cinéma de Ken Loach), ce nouveau coming-of age movie embrasse la pulsion de survie qui traverse Totone après la mort de son père. Pied nickelé écorché, gamin bagarreur, il doit désormais prendre soin de sa sœur et va pour cela s’investir avec exaltation dans la fabrication du meilleur comté de la région pour gagner un prix de 30,000€ à un concours.
La narration est parfaitement maîtrisée, la réalisatrice sait où elle va et comment y aller sans s’y perdre. Elle lance quelques fausses pistes mais conserve son fil conducteur, cette prenante et émouvante dynamique autour de ses personnages.
On comprends la détresse du père avant son accident, le lien quasi-fraternel qui lie Totone à ses amis, la romance qu’il construit un peu malgré lui avec la sœur de ses pires ennemis. Le récit est limpide. Et malgré le dénuement, malgré le drame de la crise agricole qui est présenté avec réalisme, Louise Courvoisier filme ses héros sans misérabilisme mais avec une grande affection. Elle capte d’abord de Totone ce qu’il a encore de légèreté hérité l’enfance, mais cette chimère, ce concours de comté, va lui permettre de grandir devant nous, de rentrer dans l’âge adulte.
A l’image, la réalisatrice offre à son Jura natal une aura très cinégénique, le transformant en décor de western rural. Les scènes où la campagne se drape, à l’aube, de la brume matinale sont magnifiques, tout comme son plan séquence initial lors d’une foire de village qui traduit d’emblée l’authenticité de Vingt Dieux.
Un premier film touchant, drôle et maitrisé. Epatant.
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le 15 déc. 2024
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