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Vingt dieux, c'est d'abord un portrait de masculinité rurale, avec toutes les contradictions que cela implique. Une masculinité combattive mais perdue, en peine et en panne. La fabrication du fromage, c'est sans doute un prétexte, voire une métaphore. Les soucis d'érections de Totone résonnent trop bien quand la fromagère qui anime un atelier sur la fabrication de fromage à l'ancienne dit que maintenant il faut que ça durcisse (c'est-à-dire que le lait pressuré devienne du fromage). Si ça ne durcit pas, faut faire autrement. Ironie légère à l'égard des garçons, dont le film est saupoudré, et qui passe également par le travail sur les personnages féminins forts, réalisatrice oblige, et qui ne se laissent pas faire face à ces garçons encore un peu trop bourrus et bonhommes.
Ensuite, c'est le portrait d'une région que peint la réalisatrice. Les plans sur le Jura, qui pourraient faire carte-postale, échappent à cet écueil car ils sont toujours investis par une météo (brouillard, boue, soleil) ou par des trajets (véhicules, vaches) qui le rendent habité. Plutôt qu'une région, c'est donc le territoire qui est décrit intelligemment.
Enfin, donc, le Comté sert de fil rouge à la fiction, sous des angles quasi documentaires. Totone veut faire son premier Comté dans les vieux chaudrons de son père comme la réalisatrice Louise Courvoisier veut réaliser son premier film dans les champs familiaux. Le territoire qu'elle filme et met en scène, c'est le sien, avec des acteurs et des actrices non pros (plus accessible que Bruno Dumont mais dans une émarche similaire) ce qui souligne l'effet documentaire : les accents et les expressions ne mentent pas. Sous tous ses aspects, Vingt dieux, c'est un peu le Chien de la casse (réalisé par Jean-Baptiste Durand et sacré meilleur premier film de 2023) de cette année.
Créée
le 27 déc. 2024
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