1916, on profite d'une invention dans le domaine de la photographie sous-marine pour lancer la production d'une adaptation de Jules Verne avec des grands moyens et sur plus de cent minutes.
Moi je suis plutôt un garçon confiant, le premier long métrage pour le capitaine Nemo, ça me parle, je veux des fonds sous-marins, de la pieuvre maléfique, tout ce qu'il faut... De toutes façons, c'est ce satané nouvel an, les voisins du dessous foutent un bordel monstre et il est impossible de se coucher avant quelque temps ou même d'entendre assidument un film parlant, rien de tel qu'un bon vieux muet pour ce genre de situations.
Alors au début, c'est presque normal, le savant, la fille, le maître harpon, le sous-marin qui récupère tout ça, tout va bien. Bon, Nemo ressemble beaucoup au Père Noël mais faut faire avec, un peu de tolérance... Déjà, c'est une sorte d'hindou mahométan, c'est pas facile à gérer, faut pas le contrarier...
En plus, très vite, on a le droit au principal : "Et voilà ma fenêtre magique" nous présente le barbu devant un hublot avant le plan de coupe marin, bon, faut avouer que les poissons et les coraux en noir et blanc tout fatigué, c'est pas génial, je préfère les scaphandres, pis les requins aussi...
Ah tiens, un ballon s'échoue sur une île déserte (ou pas d'ailleurs), ils ont décidé de mélanger avec l'île mystérieuse aussi... Bon, on va dire qu'il y a un rapport déjà, laissons leur une petite chance de s'en sortir... Une enfant-sauvage habite l'île entre deux panthères... Hem... Ca commence à faire beaucoup pour un seul film là... Vous tenez vraiment à expliquer en flash-backs et par deux fois toute l'histoire moisie de vengeance en Inde avec rajout d'un méchant avec remords sorti de nulle part ?
De temps en temps, on retourne au sous-marin, "Et voilà ma fenêtre magique"... On a déjà eu ce carton là, non ?... Et les plans qui suivaient aussi... Pas étonnant que ça paraisse long tout ça...
Alors on a bien la pieuvre (enfin, je crois, j'ai compté neuf bras, mais faut tenir compte de l'exagération poétique...), la chasse sous-marine, l'enterrement du même tonneau et tout ce qu'il faut, mais dans le désordre... Il y a aussi une mutinerie dans le yacht du méchant qui s'est perdu dans la jungle pour retrouver la fille perdue qui est bien entendu la fille de Nemo, ce qui donne lieu à un très long flash-back explicatif redondant, superfétatoire et blasphémateur qui se présente fièrement comme allant nous expliquer ce que Jules Verne lui-même n'avait pas dévoilé ! Bon, au moins comme ça, on apprend qu'en fait le Père Noël c'est juste Melchior (ou Balthazar, je confond souvent) un peu plus vieux et avec de la rancoeur... Ah tiens, il y a un fantôme de femme aussi, la mère Noël donc, ça devient confus...
Ce qui est bien, c'est que l'orchestration a un petit côté space opéra assez risible mais qui lutte efficacement avec les petits cons de l'étage du bas, en plus il pleut, ça leur fera les pieds quand ils devront rentrer... Non, parce que le film, franchement, même en curiosité pour cinéphile dangereux, c'est pas vraiment ça...