Après le génial Calvaire, on s'attend forcément à un nouveau film coup de poing.
Et on n'a là qu'un très honnête film de genre, une série B plutôt extrêmement bien branlée et aux dignes références.
Sans doute encore un grand film malade de ses cultes façon Pacte des loups (en mieux) ou St Ange (en aussi bien)...
Certes le film n'est pas sans défauts... un démarrage assez prétentieux façon Gaspar Noé, des grèves du rythme à certains moments... Languissantes périodes qui ont cependant le mérite de restituer l'atmosphère lourde, mystérieuse et moite de l'environnement, mais il ne mérite en tous cas certainement pas l'acharnement et la mauvaise foi critique dont il est victime ! (cf l'indigente et répugnante critique des Inrocks qui pousse la haine du film jusqu'à gâcher le plaisir du spectateur en révélant la toute fin du film... les deux dernières scènes ! Honte à cette "journaliste", si on peut encore appeler ça comme ça !!!)

Fabrice Du Weltz y mène de front trois sujets en or:
1/ La façon dont un homme va accompagner sa femme dans sa folie et la descente aux enfers qu'il vivra pour ne pas la perdre.
2/Le fait qu'un couple ne vive pas le deuil d'un enfant à la même vitesse et la difficulté du renoncement pour la mère, ici...
3/ dans sa dernière partie, quand la folie de la mère devient plus évidente, il montre une image assez terrifiante de cette femme... qui une fois devenue mère, n'est plus QUE ça et peut aller jusqu'à la castration, la dévoration, l'élimination façon veuve noire à petit feu du conjoint, pour protéger sa progéniture... vivante ou morte... La séquence impressionnante dans la dernière partie de cet "accouchement" de la mère de la matrice des racines de l'arbre et de son "avortement" du père à ce moment précis est assez symptomatique de cette lecture du film.
Un film dans lequel l'eau charrie le sang, l'air pue la charogne et les corps accouchent d'eux mêmes dans des coulées de boue.
Le premier film post-tsunami, en somme...

Beart est impeccable...
On ne dira jamais assez de bien du magnifique et sous-exploité Rufus Sewell, la photo est splendide et le film - très ambitieux bien qu'à moitié réussi - se suit sans ennui et reste assez prenant, jusqu'au bout, dans son glissement progressif du "film-voyage-initiatique" vers le fantastique pur.
Même si je ne déborde pas d'enthousiasme pour cette oeuvre, j'ai envie de la défendre car, primo, elle ne mérite pas cette volée de bois vert critique et secondo, qu'elle me parait tout à fait honnête, et sans doute pas aussi prétentieuse qu'on l'a trop dit à droite et à gauche...
Le film se hisse sans mal à la hauteur de ses illustres et nombreux modèles (Romero, Fulci, Les révoltés de l'an 2000, le cinéma de fantômes asiatique, Gaspar Noé, et sans doute bien d'autres...) et n'est pas sans intérêt, loin de là !

Créée

le 8 août 2014

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