Un couple, une française / un américain, a perdu son enfant dans le Tsunami. Comme le corps n'a jamais été retrouvé, ils sont restés en Thaïlande, espérant qu'il soit toujours en vie. Sur une vidéo caritative tournée dans un petit village de jungle birman, ils aperçoivent une silhouette de dos qui leur semble être leur fils. Ils se lancent alors dans un long et dangereux voyage à la recherche éperdue de cette chimère, et plus ils s'enfoncent dans la jungle, plus la folie guette. Je crois que le film a été pas mal décrié, notamment pour sa mise en scène un peu tape-à-l'oeil, mais personnellement j'ai trouvé le film réussi. Hormi l'acteur américain qui est catastrophique et qui parvient à te sortir du film assez fréquemment, l'ensemble est assez dense, ne joue pas du chantage à l'émotion permanent, et déploie une ésthétique qui certes peu déplaire, mais qui n'est pas si mal si on accepte le parti pris. Le cinéaste affiche clairement deux références principales, et se dépatouille pas trop mal avec, et pourtant Dieu sait si elles sont lourdes, car ce sont deux chefs-d'oeuvre. Tout d'abord, le Don't Look Now de Nicolas Roeg, les deux films partant d'une tâche rouge entraperçue au loin que les parents identifient comme le fils disparu. L'idée de l'auto-persuasion et de l'obstination est dans les deux cas très bien rendue à l'écran. L'autre film c'est Apocalypse Now. Dur de se frotter à un monstre pareil, et pourtant Vinyan ne se plante pas trop. La longue remontée de Béart jusqu'à ce village birman et le parrallèle qui est tissé avec les méandres de son esprit, est un bel hommage à la longue remontée du Mékong jusqu'au colonel Kurtz. La toute fin, que je ne vais pas dévoiler ici, évoquant avec encore plus d'évidence, le final du film de Coppola. Malgré ces références clairement affichées, Vinyan possède son autonomie, ce qui ne semblait pas une mince affaire sur le papier.