Park Row est au journalisme ce que Wall Street est à la finance ; une rue dans laquelle se côtoient concurrents et alliés, exécutifs et apprentis en bas de l'échelle.
Phineas Mitchell, journaliste au "Star" ; revue tenue d'une main de fer par l'impitoyable Charlie Hackett, est virée pour avoir écrit un article accusant son propre journal de la mort d'un individu. Grand idéaliste, Mitchell a pour rêve et ambition de créer un journal dans lequel la liberté de presse retrouvera ses lettres de noblesse, où un journalisme libre et indépendant sera de mise à l'instar de ceux des figures tutélaires du passé, de Benjamin Franklin à Joseph Pulitzer. Ce sera chose faite avec la création du "Globe" pour un budget dérisoire mais qui connaîtra un vif succès en même temps qu'une forte animosité de la part des autres journaux de Park Row.
Le style de Samuel Fuller, fait de long plans séquences nerveux bien que précis, sied parfaitement au monde dépeint, celui d'un journalisme empli d'une grande vitalité cristallisé par ses nombreuses scènes de groupe dans lequel l'article, et la pensée des personnages, semble se faire sous nos yeux. Par ailleurs, il ne faut pas sous estimer le caractère fondamentalement documentaire du cinéma de Fuller, celui-ci ayant été vendeur de journaux puis reporter pendant de longues années avant de passer derrière la caméra. L'amour que ce dernier porte au journalisme et surtout à la vie qui l'entoure est certain, et seul un homme ayant vécu ceci de l'intérieur eut pu délivrer une peinture si convaincante.
Un film absolument majeur dans la carrière du cinéaste de "Shock Corridor".