Teenage lobotomy.
Futur metteur en scène des "Accusés", Jonathan Kaplan adapte ici un fait divers survenu aux USA dans les années 70, où une bande d'ados se livrera à toute une nuit de vendalisme en réponse à la mort...
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le 6 janv. 2013
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En 1973, l'article du San Francisco "Mousepacks: Kids on a Crime Spree" révèle une vague de vandalismes et de crimes commis par mineurs au sein d'une ville nouvelle, Foster City, en Californie. Une ville fondée dans les années 1960, rassemblant différentes familles de la classe moyenne, avec leurs enfants. Des enfants qui en grandiront n'y trouveront qu'ennui et s'échapperont dans les transgressions.
Les scénaristes Charles S. Haas et Tim Hunter, âgés d'une vingtaine d'année, vont se plonger sur ce dossier, se rendant dans cette ville, interviewant les auteurs des délits qui sont à peine plus jeunes qu’eux. Le script qu'ils proposeront sera mis en scène par Jonathan Kaplan. Un petit encart de texte vient rappeler le problème de la délinquance juvénile dès l'introduction et préciser que le film est inspiré d'une petite ville communautaire dont 1/4/ de la population avait moins de 15 ans.
A New Granada une petite ville du Colorado, la jeunesse s'ennuie. Cernée par le désert, elle n'a rien pour s'amuser, alors elle le fait comme elle peut. La majorité erre, vagabonde et certains volent, d'autres vandalisent les lieux et d'autres prennent de la drogue. Des conflits se règlent aux poings. Un centre les accueille, une MJC de fortune, mais il est mal vu par le reste de la population qui y voit un repère de voyous. Après un tir de carabine depuis un pont sur des voitures, tout va empirer.
Over the edge porte un peu les marques de son époque, avec une réalisation dont les plans et le grain de la pellicule sonnent très années 1970. C'est aussi un peu scolaire, sans emphase particulière, mais c'est un parti-pris. Jonathan Kaplan voulait rapprocher son film d'un documentaire. C'est hélas un peu trop romancé pour être convaincant, mais l'histoire à défaut d'être naturaliste attire l'attention. Le casting a privilégié les jeunes découvertes aux professionnels, et c'est ainsi que Matt Dillon débute au cinéma avec ce film. Michael Eric Kramer et Pamela Ludwig sont les deux autres acteurs principaux, et bien que très bons dedans, ils abandonneront le cinéma. C'est même une honte pour Pamela Ludwing, qui aurait pu faire une belle carrière au vu de ses qualités dans ce film. Mais celui-ci, à sa sortie avait mal marché.
Début 1979, The Warriors sortait dans les salles. Il parlait lui aussi de la violence juvénile, et des gangs de jeunes plus précisément, une autre direction que Over the edge qui se concentrait plus sur l’aspect sociologique. Des incidents ont eu lieu, il y a même eu des gens tués. Pour éviter de nouveaux ennuis, le film de Jonathan Kaplan connaîtra une sortie confidentielle. Et on aurait pu en rester là. Mais le film obtiendra une reconnaissance tardive. Richard Linklater avouera s'en être inspiré pour Dazzed and confused (Génération rebelle), l’écorché Kurt Cobain confiera s'être senti proches des personnages du film. « Smells like teen spirit » en serait d'ailleurs inspiré.
Car le film ne parle de rien de moins que la jeunesse, mal comprise par les adultes. L'adolescent est un être à part, qu'il faut écouter mais aussi occuper. Que l'ennui est un terrible poison. Et qu'il peut mener aux drames du film. C'est aussi le rêve américain avec ses quartiers pavillonnaires qui s'effrite, ses résidences aux belles maisons mais sans lieux de vie. Avoir sa propre maison ne suffit pas pour être heureux.
Le film parle de la génération des baby-boomers, cette nouvelle jeunesse de l'après-guerre, mais porte aussi en lui un message fort et finalement universel. Il ne porte pas non plus un portrait à charge contre les adultes, il dilue les responsabilités entre eux et les adolescents. Mais il prévient, il avertit. Et le message est toujours d'actualité.
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le 22 sept. 2019
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