Les sentiments et les mots. Les larmes et les lettres. Ce qui ne peut être que ressenti et ce qui peut être exprimé, par différents moyens. Violet Evergarden, jeune fille réduite à l'état d'objet étant enfant puis même physiquement à l'état mécanique, va prendre d'elle-même le statut de "poupée" afin de chercher à comprendre la complexité de l'âme humaine en se faisant le relais des émotions d'autrui. Peu à peu, elle prend conscience de ses propres états d'âme et apprend à partager, bien que se révéler soit une faiblesse, un abandon de défenses. Le film complète magnifiquement la série en lui offrant un dénouement subtil et délicat, grâce à plusieurs idées de mise en scène dont le fait de lier l'un des épisodes les plus emblématiques, celui de la mère écrivant des lettres à sa fille pour continuer de lui parler après sa mort, à un épilogue se déroulant dans le futur afin de montrer la persistance des idéaux de la jeune fille et l'influence de sa bienveillance après sa disparition. L'histoire d'amour entre le major, un homme tombant amoureux d'une fillette réduite en esclavage et répondant au moindre de ses ordres tel un animal conserve un aspect perturbant, mais la culture japonaise revendique le fait de ne pas s’embarrasser de tabous pour sonder l'âme humaine et l'évolution de Violet est telle que si le syndrome de Stockholm flotte toujours au dessus de la série, leur relation reste émouvante dans ces contradictions même. Le film semble formaté pour soutirer le plus de larmes possibles au spectateur et il y parvient assez bien malgré le fait qu'on sente qu'il s'agit d'une partie de son objectif, et prend le parti de coller à cet aspect en ne présentant aucune scène d'action.