À l'annonce du projet d'adaptation par un célèbre studio japonais, j'étais assez hypé. Le comics m'avait beaucoup marqué adolescent dans sa manière originale et sincère de présenter les personnages et j'avais hâte de voir le style et la mise en scène vidéo ludique de l'auteur restitués à son plein potentiel. Pour moi, le film manquait d'âme et ne restituait pas la mélancolie de l'oeuvre originale, en plus d'etre forcément limité en terme de représentation graphique.
J'avais lu quelques articles sur la série avant de la voir qui disaient notamment qu'on ne racontait plus les histoires de la même manière et que même l'auteur regrettait le traitement de certains personnages, notamment celui de Knives. J'étais assez d'accord avec cette vision même si je trouvais le comics déjà bien en avance pour l'époque sur tous un tas de sujets de société (lgbt, féminisme, traitement de la culture pop) et que le lecteur avait bien conscience à la lecture des failles et faiblesses de Scott.
La série commence en adaptant de manière fidèle le matériau original, mais bascule lors du premier combat durant le concert, faisant disparaître le personnage principal et mettant Ramona sur le devant de la scène. Plutôt que la quête du prince charmant pour libérer sa bien aimé, la série renverse les valeurs et il s'agit maintenant de la demoiselle qui vole au secours de son amour, créant une sorte d'uchronie parallèle à l'histoire du comics, justifiée par la thématique du voyage dans le temps comme nous le découvrons à la fin. L'intention de proposer une nouvelle vision de l'œuvre à travers l'approfondissement de certains personnages secondaires est louable, accentuant cette victoire de la marginalité sur la norme que symbolisait Ramona. Malheureusement, ce nouveau scénario révèle souvent son manque d'inspiration, notamment dans les épisodes centraux et l'humour assez ringard de nombreuses scènes, et trop de passages à vide laissent une désagréable sensation de remplissage et de maladresse.