Avant de me lancer dans cette nouvelle série, j'étais très sceptique, pourquoi une refonte animée de ce qu'on avait déjà vu si bien fait en live? Sauf à reprendre la version papier planche par planche, je ne voyais pas trop d'intérêt, mais bon, j'ai toujours aimé Scott Pilgrim depuis sa sortie en comics...
Dès le premier épisode, le problème était flagrant. La version animée, reprenant peu ou prou ce qui avait déjà été fait dans le film live était inférieur à la version live (ce qui vient rétrospectivement jeter toujours plus de fleur sur le film d'Edgar Wright, combien de versions live peuvent se targuer d'être supérieur à une version animée!), je me suis dis que je n'allais probablement pas tenir les 8 épisodes si c'était pour voir une version inférieure à ce que j'avais déjà vu tant et tant de fois.
Et là, twist, la fin de l'épisode ne se termine absolument pas comme attendu, voir même l'inverse. Coup de génie! En effet, avoir la conscience de sa propre faiblesse, jouer avec les attentes pour délivrer quelque chose d'entièrement nouveau, c'était ça que j'attendais! Une vraie suite/remake, qui viendrait surpasser l'original ou à tout le moins le compléter comme l'étoile au sommet du sapin...
...Sauf que le père Noël n'existe pas (spoiler alert).
De ce postulat de départ aux possibilités infinies, le parti pris a été la fainéantise de l'écriture, une absence de toute réflexion, d'enjeux ou d'évolution des personnages.
Car à partir de la, disparition de Scott Pilgrim pour 5 épisodes (soit 60% de la série). L'idée en soit n'est pas mauvaise, c'est un peu voir l'envers du décor, une sorte de Scott Pilgrim inversée (et je comprends de ne pas pouvoir retirer le nom du perso pour des raisons marketing). Mais de cette subversion de Scott Pilgrim, rien n'est fait! L'histoire est plus ou moins sans enjeux (doutons-nous de retrouver Scott? Ramona a-t-elle un développement particulièrement intéressant? bof. ), ce qui se passe fait l'objet au mieux de remplissage, au pire de développement un peu idiot allant parfois à l'encontre de ce qu'on connait des personnages quand l'histoire se déroule "de manière normale"...
Un sursaut de conscience à l'épisode 7 fait espérer au moins une remontée dans les enjeux. Et oui, et si en fait après tant de péripéties dans le Scott Pilgrim original, la relation ne durait que quelque temps avant de devenir toxique et se terminer? Quelque chose que tous nous redoutions, mais qu'on préférait reléguer à un coin de cerveau pour profiter béatement du happy end que l'on nous proposait. Sauf que, le lecteur devenant adulte, mature, se rend bien compte de ce qui se passe généralement dans la vraie vie pour ce genre de couples... Quelque chose donc, de très intéressant à creuser!
Sauf que non, tout cela sera expédié sans vraiment creuser (après tout, 5 épisodes d'intrigues secondaires idiotes ont déjà été gâchés et il n'en reste qu'un pour conclure!) et jetant au passage des bonnes idées dans le dernier épisode, mais dont les auteurs seront passés complètement à côté... (Et oui, et si la leçon du vieux Scott, obsédé par changer le passé, n'aurait pas dû être qu'il faut accepter que les choses finissent et passer à autre chose. Que la Ramona d'il y a 10-15 ans n'existe plus, mais qu'il y a quand même un futur). Tant de développement aurait aussi pu être dévolu aux autres personnages, et j'en passe... Mais moi-même je ne vais pas resté bloqué dans le passé de cette série que je viens de terminer. Ce qui faisait le charme de Scott Pilgrim est à jamais terminé, figé dans des blocs de papier ou des disques. J'y reviendrais avec nostalgie, mais avec l'assurance qu'on ne peut pas réécrire le passé. (et certainement pas chez Netflix.)