Dans un style de jeu délicieusement brut et chantant (cette mélopée révolutionnaire dans le ton a même parfois des accents straubiens), Virgem Margarida raconte le kidnapping pour rééducation morale de filles de joie. Embarquées au soir de la décolonisation du Mozambique sur leurs lieux de travail, elles rejoignent la brousse où elles y construisent sous la direction du commandant Maria João un campement, cultivent la terre et se 'remoralisent', selon les préceptes de la décolonisation.
Une autre des saveurs du film intervient ici, dans les rapports qu'entretiennent les femmes militaires et les prisonnières. Nous sommes loin d'un exhibitionnisme de la violence ou de la cruauté, quand bien même les châtiments arrivent. La compassion de la commandante pour le sort des femmes va d'ailleurs donner le point d'orgue à une intrigue qui avance, sans avoir recours à des finesses de scénario, droite et authentique en posant des situations savoureuses le plus simplement et naïvement du monde, sans arrière pensées, comme la pureté révolutionnaire et émouvante du commandant et la pureté de cœur des quatre prisonnières principales.
Peut-être une pierre angulaire pour le cinéma du Mozambique ? En tout cas, si c'est en une, elle est bien solide et fiable. Et, en prime et pour résultat, un vrai film féministe.