Premier film de Sofia Coppola, "The Virgin suicides" est rapidement devenu un film culte, à l'image de sa bande originale signée Air : si le style parfois chichiteux de la jeune réalisatrice en a agacé quelques-uns, beaucoup se sont montrés admiratifs devant sa façon très personnelle d'aborder les tourments adolescents, et de se confronter aux mystères indicibles de cette période de l'existence.
Avec son atmosphère ouatée, son rythme languissant et son esthétique lumineuse, "The Virgin suicides" est un film envoûtant, ce qui semble être la caractéristique principale du cinéma de Sofia Coppola, que l'on retrouvera notamment dans son deuxième long-métrage "Lost in translation".
Cette dimension envoûtante est renforcée par la BO, entre compositions planantes du groupe Air et tubes langoureux des seventies, et s'inscrit en contrepoint absolu du sujet du film, pour le moins macabre.
Ce traitement souvent léger voire comique d'un récit tragique offre à cette première œuvre une belle originalité formelle, tandis que le dispositif narratif choisi par Sofia Coppola lui permet de rester à bonne distance de ses héroïnes, préservant certes le mystère au détriment d'explications psychologiques plus "rassurantes", mais donnant aussi l'impression d'une certaine superficialité.
On a parfois l'impression de rester spectateur passif de cette belle et triste histoire, pas tellement impliqué émotionnellement dans le drame qui se joue.
Assez inégal d'une séquence à l'autre, "The Virgin suicides" propose suffisamment de scènes marquantes (à l'image du climax, lorsque les garçons s'introduisent dans la maison sur l'invitation de Lux) pour rester en mémoire bien après son visionnage.
Outre la mise en scène de miss Coppola et la bande originale, il faut souligner l'apport du casting, emmené par une Kirsten Dunst convaincante en ange pervers, et un James Woods émouvant en père bienveillant mais totalement dépassé.