Susana de Sousa Dias est une réalisatrice de documentaire historique portugaise. Elle est en outre, professeure/chercheuse à la faculté des Beaux-Arts de l’Université de Lisbonne. Elle propose, sur la base des archives nationales portugaises, une histoire de la dictature du pays sous Salazar, entre 1926 et 1974. L’un de mes domaines de recherche en histoire est l’immigration. Celle concernant les Portugais est grandement influencée par cette période de l’histoire. C’est donc avec grande curiosité que je me suis lancé dans le visionnage de ce documentaire. Je vous propose ainsi mon avis à chaud.
Le documentaire, Natureza Morta / Still Life, rebaptisé « les visages de la dictature », ne propose pas de mots, que du son et des images témoignant des méfaits du régime totalitaire. Ces images d’archives sont pour l’essentiel des visages, des portraits d’opposants politiques prisonniers, couplés à des scènes de guerres ou de propagande mettant principalement en avant Salazar. L’idée de sauvegarde de la mémoire est donc centrale face à un régime qui avait essayé de l’effacer (d’où peut-être la piètre qualité des images d’archives).
Sans doute, la réalisatrice a voulu projeter la source de manière la plus pure possible, sans transformations, sans la dénaturer. On peut également souligner un jeu sur la netteté, le flou progressif de l’image dans l’optique de nous transmettre une histoire sans passer par les mots. La musique est inquiétante, les images projetées au ralenti comme pour signifier qu’il s’agit d’une période floue et troublée de l’histoire portugaise. À juste titre, l’auteure souhaite que les archives parlent d'elles-mêmes. On est totalement à l’opposé des documentaires de vulgarisations scientifique où les archives servent d’appui au récit historique. Cependant, il aurait tout de même été appréciable d’avoir un peu plus de détails sur le contexte. Malgré une (rapide) présentation historique en début de documentaire, on est vite perdu. Certes, on comprend bien que le documentaire se passe sous Salazar et termine lors de la révolution des œillets, mais entre ? Il y a sans doute la guerre d'indépendance de l'Angola, mais encore une fois aucune explication précise n’est fournie, si ce n’est qu’ « à partir de 1961, l’État Portugais dut affronter, en Afrique, des guerres de libération longues et meurtrières ». Par ailleurs, le rythme fort lent de la projection rend le visionnage du documentaire assez long (il ne dure pourtant qu’un peu plus d’une heure).
En conclusion, ce documentaire reste intéressant et très original sur l’approche. Un peu plus de précision sur les faits historiques relatés n’aurait pas été de refus. Le rythme est assez problématique. Mais il s’agit d’un premier essai pour Susana de Sousa Dias qui proposera plus tard (en 2010) le documentaire 48 qui semble davantage abouti. Je n’ai toujours pas eu l’occasion de le voir en entier. J’espère un jour pallier à cela.
Pour celles et ceux qui sont intrigués, voici le lien pour le voir : https://www.arte.tv/fr/videos/029201-000-A/visages-d-une-dictature/?fbclid=IwAR1P6H6ro16sFWGPIC30JZbUFlDzN2Y9dQVH3GCCAMly0htRitPLK8ZJH_M.
Sources :
http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_auteur_liste/38904.
https://www.debordements.fr/Susana-de-Sousa-Dias.