Difficile d'analyser ce premier film de Djo Tunda Wa Munga (comme diraient les Tortues Ninja...). Véritable ovni dans ce monde trop lisse dans lequel les voies à suivre sont plus ou moins les mêmes pour tout le monde, Viva Riva prend le contre pied du système actuel. Filmé en mode guérilla, avec des acteurs pour la plupart inconnus, il est un souffle de fraîcheur dans la tornade formatée du cinéma actuel.

Djo Tunda possède une véritable volonté de metteur en scène, qui transpire à l'écran, parfois de façon maladroite mais toujours sincère. Gavé de références cinéphiliques issues des grands noms du polar d'action, que ce soit européen (Guy Ritchie) ou américain (l'incontournable QT), il est parvenu à digérer toutes ces influences pour nous pondre cette oeuvre brute, parfois inégale. Difficile, cependant, de lui reprocher les erreurs techniques présentes à l'écran quand on connait les conditions de tournage généralement amateur.

Le scénario, qu'il a écrit lui même, plonge le spectateur dans l'enfer de Kinshasa, en République démocratique du Congo. S'intéressant principalement à la vie nocturne de la ville, mais aussi à ses guerres de gang, il se construit comme une course poursuite à cent à l'heure au sein de la capitale. C'est pourtant dans les moments de répits, lorsque la caméra se pose enfin pour respirer, que le film prend parfois une véritable ampleur, comme cette superbe scène de dialogue entre Riva et Nora.

Ces dialogues alternent entre le français, langue "officielle" du pays, et le lingala, la plus parlée dans le pays. Pas facile de trouver des acteurs capables de parler les deux idiomes, aussi la grande majorité des interprètes sont des locaux inconnus du grand public. L'exception étant la belle et vénéneuse Manie Malone, aperçue dans... Femmes de loi (cocorico), et qui crève littéralement l'écran. Souhaitons lui un bel avenir.

Production hors normes, véritable claque visuelle, imparfait mais toujours d'une grande sincérité, Viva Riva est une expérience à part dans le monde du cinéma actuel. Malgré quelques longueurs et maladresses, ce film doit être vécu comme tel.
Hyunkel
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le 26 avr. 2012

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Hyunkel

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