Le blues du businessman.Richard,chef d'entreprise blindé,est en pleine déprime.Sa femme l'a quitté,sa fille ado n'est pas proche de lui,il ne voit plus ses amis et son boulot l'ennuie.La situation ne s'améliore pas quand un test de QI le classe parmi les crétins et qu'il tombe concomitamment amoureux d'une top model sur le retour aussi dépressive que lui.Il s'agit là de la première collaboration du réalisateur Yves Fajnberg et du comédien Didier Bourdon,coauteurs du script,qui récidiveront l'année suivante avec "Madame Irma".L'entame est assez pénible:réalisation sans nerf,blagues qui tombent à plat,dialogues à la fois creux et prétentieux,personnages antipathiques et inintéressants,ça sent le désastre à plein nez.Mais insidieusement l'histoire se densifie et le charme finit par opérer pour aboutir à un joli film en équilibre entre drame et comédie.Les protagonistes vont se révéler plus profonds qu'on ne le pensait et évoluer au fil de rencontres qui les font interagir.Richard notamment va apprendre à se défaire de sa dépendance à l'argent,qui constitue son seul moyen de communication.Incapable de s'impliquer émotionnellement,il se contente de tout acheter,que ce soit l'amour,l'amitié ou la santé,cette attitude découlant du mépris qu'il éprouve pour les autres,d'après lui forcément vénaux,mais aussi surtout pour lui-même,car il se croit indigne d'être aimé pour ce qu'il est.A l'inverse,son ami Rachid,qui souffre de ses difficultés financières,renoncera à l'aisance que lui offre son pote,se rendant compte que ça lui nuit plus que ça ne lui profite.Certes,la philosophie dispensée par les auteurs n'est pas particulièrement originale et pourrait se résumer au bon vieux proverbe:l'argent ne fait pas le bonheur.Cependant,dans un monde où la réussite matérielle est devenue l'alpha et l'oméga de la vie sociale,il n'est pas inutile de rappeler qu'il existe des valeurs plus importantes initiées par les rapports humains.Les personnages vont l'apprendre,en même temps qu'ils parviendront à se défaire de leur spleen provoqué par leur égocentrisme et leur manque d'empathie.Car leurs problèmes paraissent bien futiles en regard de ceux auxquels ils seront confrontés au sein d'un hôpital,spécialement la maladie cardiaque de Colombe,jeune femme forte et digne qui sera le catalyseur de la résurrection des autres personnages.Fajnberg assure un subtil mélange de scènes drôlatiques contrebalancées par des moments tragiques ou de beaux instants d'émotion.Un face-à-face apaisé entre Richard et son ex femme à la sortie d'un tribunal,une mémorable et hilarante partie de jambes en l'air dans une chambre d'hosto,une arnaque aux organes aussi glaçante que désopilante,les si différents Rachid et Maud qui feront chacun la moitié du chemin pour enfin s'aimer,tous ces instants de vie aigre-doux sont finement articulés au son de deux jolies chansons,le "Rien ne vaut la vie" d'Alain Souchon et "Vive la vie",interprété de belle manière par la comédienne Armelle Deutsch.Didier Bourdon porte le film avec un talent éclatant,et ses partenaires ne sont pas en reste.Zinedine Soualem est comme d'habitude formidable en clown pour enfants malades et sa maîtrise de l'art du mime est impressionnante.Alexandra Lamy et Armelle Deutsch,aussi belles que justes,sont leurs dames de coeur.Il y a aussi les impeccables Frédéric van den Driessche et Didier Flamand,une juvénile Sophie-Charlotte Husson,la sensuelle Smadi Wolfman qui se fait prendre tout debout lors d'une réception huppée,une émouvante Natacha Lindinger en épouse blessée et la jeune Laura Fajnberg,probablement la fille d'Yves,très à l'aise en ado plus mûre que son père.