Zhang Yimou, déjà reconnu à l'international pour Epouses et Concubines, réalise cette fois une grande fresque chinoise centrée autour d'un couple désargenté, qui vivra à son échelle les grands bouleversements de l'époque maoïste.
La réalisation est soignée, la direction artistique somptueuse, et le scénario alterne avec intelligence entre moments de légèreté et moments poignants. La première partie du film est pour moi la plus convaincante, tandis que la deuxième manque parfois d'inspiration. Mais le tout reste captivant du début à la fin, porté par un duo d'acteurs, Gong Li et Ge You, réellement inoubliable. Ce dernier en particulier marque les esprits, et créé un personnage terriblement attachant, à la fois naïf, spontané, empathique, courageux.
Malheureusement, un autre aspect du film qui saute aux yeux est sa vision totalement édulcorée de la Chine maoïste. Certes, on imagine bien que le réalisateur n'a aucune liberté à ce niveau et se doit de suivre l'histoire officielle dictée par Pékin. Ainsi, le "Grand Bond en avant" se résume à la mort d'un jeune garçon qui reçoit une pluie d'hommages de tous les responsables locaux (pas sûr que les 15 à 50 millions de morts chinois de cette période aient eu droit à autant d'égards), tandis que la révolution culturelle se limite à quelques petits abus par ci par là, et les horribles "séances de lutte" sont presque sujettes à plaisanterie et créent un certain malaise chez le spectateur averti.
Si l'on parvient à mettre de côté cette vision édulcorée, il reste un très beau film qui met en avant la résilience d'un couple pris dans la tourmente des bouleversements politiques et sociaux de leur époque.