Je décerne dès à présent à "Vivir y otras ficciones" le prix du film le plus couillu de l'année 2018.
En effet quel dose de courage faut-il pour se lancer dans un tel projet : une fiction à la lisière du documentaire ayant pour sujets de fond le droit des handicapés à la sexualité, donc à la vie, la révolution par les corps, et la place de la folie dans notre société (en cela on ne peut que penser au "12 jours" de Depardon)
Mais attention, il ne s'agit pas ici d'un pamphlet misérabiliste, on joue son propre rôle, on parle, on vit, on baise, on rit, on montre, même ce que nous ne désirons pas voir, le flamenco de Pepe fait pleurer, vibrer, bander.
A l'heure où tant de réalisateurs sont persuadés de faire passer de grands messages politiques à travers leur cinéma, de manière trop souvent métaphoriques oniriques démagogiques, Jo Sol, lui, dit tout en une simple phrase au creux d'un dialogue enfiévré et criant de vérité. Antonio, cloué sur son fauteuil, dit en substance ceci à propos des gens comme lui, et de la reconnaissance par les pouvoirs publics de leur droit à se faire branler : « Ça c'est de la politique, le reste c'est de la gestion. »
T'as tellement raison mon ami Antonio, tu as tellement bien résumé ce que je pense depuis trop longtemps de ceux qui nous gouvernent : ce sont des gestionnaires oui, mais ils ne veulent surtout pas voir ni savoir que tu as envie de te faire toucher, de bander. Je sais Antonio, ils ont voulu te castrer, un citoyen mort ça ne fait pas de bruit, ça ne proteste pas. Ils t'adorent en légume, tu les déranges en être jouissant entre les doigts de Sandra.