Nouveau détour du côté d’un film peu connu sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs : To live to sing de Johnny Ma. A défaut d’être très médiatisé, son sujet semblait intéressant et les premières photos du film étaient très attrayantes. Voyons donc ce que donne ce film chinois, et ce qu’il nous réserve.


Le cinéma asiatique est toujours intéressant à explorer et à étudier. Étant assez peu mis en avant cette année à Cannes, il semblait bon de s’intéresser à ses quelques représentants figurant parmi les différentes sélections. Nous rencontrons donc une troupe d’opéra jouant dans un petit quartier d’une ville chinoise, dont la démolition prochaine est annoncée. Une menace qui met notamment en péril l’avenir de la troupe qui doit soit trouver un moyen d’empêcher la démolition, soit de trouver un nouvel endroit où se produire. Simplement, comment faire entendre la voix d’une petite troupe d’opéra locale face à celle de puissants groupes du bâtiment, et aux tendances de notre époque ?


C’est tout l’enjeu du film de Johnny Ma, qui met régulièrement en opposition l’authenticité de l’opéra, représentant les traditions et l’art, et la froideur des immenses tours représentant l’urbanisation galopante de la Chine moderne. C’est une atmosphère assez crépusculaire qui enveloppe To live to sing, s’inquiétant du sort des arts traditionnels à une époque où les loisirs et les activités qui attirent la jeunesse sont ailleurs. Le public de la troupe est généralement âgé, quand la jeunesse préfère s’amuser en ville, dans les bars ou les boites de nuit.


Le point de vue du réalisateur et le sujet du film sont intéressants, mettant en lumière une problématique d’actualité concernant la place de l’art dans la société, en en faisant surtout quelque chose de vivant, d’humain, et pas juste un ensemble de décors et de costumes. Toutefois, force est de constater que le film souffre d’irrégularités dans le rythme, avec des longueurs qui alourdissent le récit et qui nuisent à l’implication du spectateur dans le film, ainsi qu’à sa capacité à ressentir de l’empathie pour les personnages. Cependant, ces défauts sont en partie compensés par de beaux coups d’éclat, avec des scènes remarquablement construites et sublimées par une superbe mise en scène. De quoi potentiellement avoir des regrets au vu du niveau de beauté que peut atteindre le film à ces moments.


To live to sing est donc un film plutôt correct voire moyen, bien pensé par moments, moins bien exécuté par d’autres. Il développe bien son sujet, avec des éléments de discours pertinents, qui lui permettent donc de tirer son épingle du jeu, sans forcément réussir à être mémorable.

JKDZ29
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Vus en 2019 : Aventures cinéphiles, Les meilleurs films de 2019 et Festival de Cannes 2019

Créée

le 21 mai 2019

Critique lue 491 fois

2 j'aime

JKDZ29

Écrit par

Critique lue 491 fois

2

D'autres avis sur Vivre et chanter

Vivre et chanter
Contrechamp
7

Pour la beauté du geste

La modernisation intensive des espaces urbains chinois imprègne ardemment son cinéma qui témoigne de la paradoxale paupérisation de ces villes « modernes » (Argent Amer, Wang Bing, 2016) ou encore...

le 18 nov. 2019

4 j'aime

1

Vivre et chanter
AnneSchneider
8

Fusion des genres, au service de la fusion des arts

Inspiré par un documentaire de la télévision chinoise qui lui fit découvrir une petite troupe familiale d’opéra chinois vivant et se produisant aux abords de Chengdu, dans la province du Sichuan,...

le 13 oct. 2019

4 j'aime

Vivre et chanter
Raider55
5

Valse hésitation chinoise

Vivre et chanter est un mix entre the Full monty version chinoise et Platform de Jiǎ Zhāng-Kē.On y retrouve donc fort logiquement des thèmes sociétaux forts :- le rôle de la culture comme noyau...

le 26 sept. 2022

2 j'aime

2

Du même critique

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Alien: Covenant
JKDZ29
7

Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ...

le 10 mai 2017

75 j'aime

17

Burning
JKDZ29
7

De la suggestion naît le doute

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans...

le 19 mai 2018

43 j'aime

5