Vivre et laisser mourir par L'Ami Ricofruit
On a souvent reproché à Moore d'avoir entraîné la saga James Bond sur une pente savonneuse faite d'intrigues improbables, d'humour foireux, de racisme bon enfant et d'un trop-plein de décontraction. C'est oublier que la série commençait à montrer quelques signes de faiblesse dès On ne vit que deux fois et qu'après la belle et étrange parenthèse Lazenby, le chant du cygne d'un Sean Connery en moumoute n'avait rien de très glorieux.
De fait, le premier Roger Moore est un petit plaisir coupable qu'on déguste d'un œil attendri et distrait. Quelques très belles idées (la chanson de McCartney, les enterrements à La Nouvelle Orléans, les crocodiles, etc.) viennent contrebalancer cette tendance au n'importe quoi caractéristique de la période seventies, qui parvient pour l'heure à se maintenir à un niveau relativement raisonnable. On fermera donc les yeux sur les piteuses tentatives d'humour slapstick et une James Bond girl turbo-nunuche pour se laisser porter par ce nouveau 007, moins inquiétant, plus distancié. Conscient de sa nature de vieux beau un peu ringard, un éternel sourire en coin.