Deuxième James Bond du duo Hamilton-Mankiewicz, il comporte de nombreuse singularités : première incarnation du personnage par Roger Moore qui imprime un esprit différent plus comique dans la lignée du film d'avant qui voyait Sean Connery jouer OO7 pour la dernière fois, dans un film potache en rupture avec les années 60 du début de la saga. Première fois aussi qu'un autre compositeur que John Barry nous gratifie de sa partition, en l'occurrence le producteur des Beatles lui même, ce qui en tout logique nous apporte une chanson de Paul McCartney au générique du film. Q est absent pour la première fois ! Les méchants ont la peau sombre aussi pour la première fois, car le film colle à la montée de la blaxploitation aux US et à l'avènement des Black Panthers. Le sujet est plus terre à terre qu'auparavant car il concerne au final une histoire de drogue, tout ce qu'il y a de réaliste même si le vilain est pourvu d'une (modeste) base à l'instar de Blofeld et que les gadgets foisonnent. Le plus grand défaut réside dans le duo nommé au début de cette critique : le scénario est trop burlesque, voir vire presque au pastiche de Bond, et la réalisation est plate comme souvent avec ce réalisateur. Le rythme du film est lent, ce qui est douloureux pour un film d'aventure et d'espionnage. Certains dialogues sont tout de même percutants et la logique Flemingienne est respectée au moins au premier degré. Que reste t-il au final ? Un film sans surprise même si voir Bond de nouveau enquêter comme dans Dr No, nous fait sourire et nous rappelle le premier opus d'autant plus que certains scènes se ressemblent et d'ailleurs le personnage de Quarrel est aussi présent, à la différence que cette fois ci il s'agit du fils de celui ci. La production tentait sûrement de raviver les souvenirs des spectateurs et au lieu d'adapter le roman, ont plutôt fait un mélange avec Dr No, pour être sur que le produit fonctionne et d'imposer Roger Moore dans le rôle et enfin pérenniser la saga, au delà de la notoriété du comédien jouant le premier rôle.
Un petit Bond certes, mais un Bond quand même qui vaut le détour ne serait-ce que pour Moore, Yaphet Kotto, la ravissante Jane Seymour et un des méchant les plus énigmatique de la série, l'extravagant Baron Samedi joué brillamment par le chorégraphe Geoffrey Holder.