Fin de siècle amoureux
Gaël Morel affirme haut et fort avoir voulu réaliser un film d'amour inclusif : hétéro, homo, bi. Son titre interpelle : vivre, mourir, renaître, cela rappelle un peu le long-métrage de Christophe...
le 31 août 2024
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Simple et épuré, peut-être même un peu déjà-vu, le nouveau fim de Gael Morel n’en demeure pas moins une œuvre belle et tragique qui nous touche. En totale cohérence avec le reste de sa filmographie, il nous convie à un triangle amoureux dans les années 90 à une époque où le SIDA frappe encore beaucoup les esprits et la communauté gay/bi. Un sujet certes maints fois traité dans le passé et même encore de mémoire récente comme en témoigne le mémorable « 120 battements par minute » mais ici c’est davantage du côté de l’illustre et cultissime « Les Nuits fauves », le film testamentaire de Cyril Collard, que l’on pense. Mais, malgré l’âpreté du sujet et son côté tragique, dans une version plus contemporaine dans son traitement et peut-être moins sombre et bouleversante, plus lumineuse. Comme si Morel souhaitait revenir sur cette période trouble et en gommer le côté désespéré en montrant qu’il pouvait aussi il y a avoir de l’espoir.
On est peu surpris que le cinéaste ait de nouveau choisi de parler de personnages faisant partie de la communauté queer. Toute son œuvre, ou en tout cas une bonne partie, est consacrée à ce type de protagonistes du plus anecdotique « Notre Paradis » en passant par le magnifique « Le Clan » et au film qui l’a révélé « À toute vitesse ». Des hommes surtout, parfois des femmes, qui s’aiment, se désirent et se déchirent peu importe leur genre. Ils ne sont jamais définis par leur sexualité mais par leurs désirs et leurs pulsions. D’ailleurs, dans « Vivre, mourir, renaître » (quel beau titre plein de poésie et de sens), la question de l’homosexualité de l’un et de la bisexualité de l’autre resterait même presque satellite car jamais le script ne pointe du doigt leur sexualité et jamais le SIDA n’est vu par ce prisme. Les relations entre les trois personnages sont normalisées - peut-être parfois un peu idéalisées pour l’époque - et la scène de prologue prend parfaitement le pouls d’une certaine jeunesse underground.
Ce n’est, encore une fois avec ce cinéaste souvent comparé à Téchiné, pas du côté de la mise en scène que ce joli film sur un sujet très dur nous marquera. Comme d’habitude, Morel ne soigne pas particulièrement ses images mais se focalise sur les dynamiques qui régissent ces personnages. Ce qui n’empêche pas de très beaux plans emplis de douceur et de volupté. Et le trio d’acteurs incandescent qu’il a choisi le lui rend bien. Victor Belmondo trouve là son meilleur rôle, Théo Christine confirme tout le bien que l’on pensait de lui et la nouvelle venue Lou Lampros est une jolie révélation. C’est un film à la fois beau et triste mais jamais larmoyant. Cette chronique d’une époque et d’un double amour marqué par le sceau de la maladie ne verse jamais dans le pathos préférant mettre en valeur l’amour, la fraternité et quelques embardées poétiques venant enjoliver le triste contexte entourant les personnages. « Vivre, mourir, renaître » peut compter sur sa simplicité, son humilité et sa justesse de ton pour nous bouleverser tout en douceur.
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Créée
le 31 oct. 2024
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