Robert,grand reporter,écume les coins les plus pourris de la planète afin de dénoncer,à travers ses images choc, les injustices qui y sont perpétrées.Parallèlement,c'est un séducteur compulsif qui saute sur tout ce qui bouge en usant de son aura professionnelle.Sa femme,Catherine,l'attend sagement à Paris.Elle n'est pas dupe mais feint de l'être et se montre compréhensive.Jusqu'au jour où Bobby et sa dernière maîtresse en date,une belle blonde américaine nommée Candice,tombent amoureux.La nouvelle élue n'entend pas rester dans l'ombre et tanne son amant afin qu'il largue sa régulière.Ce pauvre Robert est bien embêté.Dans la foulée du succès d' "Un homme et une femme",Claude Lelouch embraye avec cette variante qui pourrait s'intituler "Un homme et deux femmes".Il a réuni autour de lui sa garde rapprochée:son coscénariste Pierre Uytterhoeven,son monteur Claude Barrois,qui deviendra plus tard réalisateur,son musicien Francis Lai,ses acteurs Annie Girardot,Jacques Portet et Amidou,ainsi que la chanteuse Nicole Croisille qui,après avoir chabadabadé à Deauville,interprète à nouveau,en duo avec Girardot, la chanson du film,le très joli "Des ronds dans l'eau",qui sera ensuite reprise par Françoise Hardy."Vivre pour vivre" est un drame bourgeois sur fond de roman-photo.C'est affreusement conventionnel et ça déroule tous les poncifs usés jusqu'à la trame d'une histoire mille fois traitée en littérature,au théâtre et au cinéma.Le mari infidèle qui baise à droite à gauche,l'épouse soumise qui ferme les yeux,la nouvelle conquête qui en veut plus,le type qui ne désire lâcher ni l'une ni l'autre et qui jongle acrobatiquement entre les deux nanas en s'enfonçant pitoyablement dans le mensonge et les ruses de sioux,ce qui entraîne l'oeuvre aux frontières du comique et de la pantalonnade vaudevillesque.Au bout du compte,le mec,coincé,finit par quitter sa femme,mais sa romance va rapidement tourner court.Parce que la fille a la moitié de son âge,parce qu'il lui en veut de lui avoir mis la pression,parce que surtout il réalise qu'il aime toujours sa femme et qu'il a fait une énorme connerie.C'est toujours comme ça quand la fougue s'est dissipée et qu'on arrête de penser avec sa bite pour se mettre à utiliser son cerveau.Du coup,il essaie de renouer avec bobonne,laquelle n'est pas forcément prête à pardonner.Tout ça est d'un classicisme absolu,mais on peut y voir un autoportrait de l'auteur.Lelouch a en effet débuté comme reporter d'actualités et a connu une vie amoureuse agitée.On peut même le considérer comme le prototype du cinéaste qui se tape systématiquement toutes ses actrices.Malheureusement,en plus de son intrigue ultra convenue,le film souffre d'une mise en scène atrocement lente,Cloclo étirant toutes les scènes de façon insensée,à tel point qu'on pourrait facilement réduire la durée d'une demie-heure.Si on ajoute à ça des dialogues vides,dont une bonne partie est couverte par une musique abrutissante,c'est toujours ça de moins à écrire,et des personnages caricaturaux et sans relief,le passif est lourd.Seules les scènes de reportages rehaussent la qualité du film,mais elles sont hélas assez rares.Les images d'archives qui ouvrent le bal sont terrifiantes.On y voit un florilège de tabassages et d'exécutions sommaires tétanisants au possible.On a aussi droit à une séquence,fictive,gravement surréaliste dans un camp de mercenaires au Congo.Lelouch,dans ces moments où il délaisse,très provisoirement,le mélo neurasthénique,retrouve l'énergie dont il sait faire preuve quand il le veut.Il cède aussi à son péché mignon,qui consiste à nous promener un peu partout dans le monde,de l'Afrique au Vietnam en passant par Paris et Amsterdam.Il réussit quand même un joli plan final en forme de twist.Le film est clairement marqué par son époque,avec un héros qui descend des whiskies comme s'il s'agissait de limonade et passe les trois quarts du métrage la clope au bec.On va même jusqu'à maltraiter des animaux sans trucages et sans le moindre texte indiquant que c'était pour rire.Les acteurs,des pointures,empêchent le naufrage total.Yves Montand est l'homme de la situation et compose un de ses savoureux personnages de grand couillon dragueur ,incarnation de la lâcheté masculine,dépassé par les conséquences de ses actes.On avait oublié à quel point Annie Girardot était jolie en ce temps-là,et son charme légèrement gouailleur fait merveille.Juste et émouvante,elle campe idéalement l'épouse bafouée mais digne,capable de prendre sur elle par amour pour un mec qui ne la mérite pas.Candice Bergen en revanche est à côté de ses escarpins et se contente d'afficher en permanence un sourire stupide et de changer de toilette à chaque scène.Il est vrai qu'elle interprète un mannequin,mais là c'est trop.Il parait qu'elle n'était pas très à l'aise pour une raison qu'elle dévoilera plus tard,à savoir que son partenaire puait de la gueule.Ce que Montand confirmera ultérieurement,confessant ses problèmes bucco-dentaires et dégainant cette élégante formule:"la bouche,quand ça pue,c'est pire que le cul".A la lumière de ces révélations,on comprend mieux la timidité des scènes de baisers du film,qui tiennent plus de la stratégie d'évitement que de la galoche baveuse.Pour finir,signalons le passage sur l'écran de quelques mignonnes actrices d'autrefois bien oubliées aujourd'hui.Irène Tunc,miss France 1954,Anouk Ferjac,magnifique dans le "Fleur d'oseille" de Lautner au côté de Mireille Darc,et l'allemande Uta Taeger,très drôle en petite bonne simplette,qui était l'épouse de Jean-Claude Darnal.Ca ne dit sans doute rien à ceux qui n'étaient pas sur place,mais Darnal,dans les années 60,était un chanteur plutôt connu et animait de surcroit des émissions de télé pour la jeunesse.

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le 4 juin 2018

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