Ce quie me frappe lorsque je revois Vivre pour Vivre, c'est tout d'abord son côté daté. En cela, Claude Lelouch est un maître horloger, ou plutôt un précieux horodateur. Presque chacun de ses films est le révélateur des rêves d'une époque. Et, dans VpV, on assiste au décollage d'avions dont on voit d'abord l'impact carbone, on valorise la chasse au 4X4 avec des scènes qui génèrent au fond de moi un peu de tristesse par rapport à notre rapport a la faune sauvage.
Je remets cela dans son contexte, et essaie de me concentrer sur ce qui fait le sel des films de Lelouch, et qui est difficilement définissable pour moi.
J'ai toujours ressenti une connivence avec l'univers de Claude. C'est très clivant, mais j'assume. Je suis un grand admirateur de Claude, et j'ai cent fois failli prendre ma plume pour lui écrire en lui demandant de m'embarquer dans son prochain long. En tant que comédien. Rien que ça. Au fond, je me sens très Lelouchien, et une intuition me fait sentir que je n'aurais pas démérité dans un rôle. Pretention? Je ne crois sincèrement pas. Plutôt une intime conviction puissante et présente. Je me demandais si c'était quelque chose de banal, ou si cette résonance m'etait personnelle.
Bref, je chante du Legrand, je joue du Lai. Je suis sensible à une certaine densité du vivant, une esthétique, des histoires, j'ai des années d'improvisation théâtrale derrière moi. Je me sens happé par les univers de Claude.
Mais je n'ai jamais passé le pas. Une pudeur me retient, ou une peur de trop bouleverser mes repères, ou peut-être d'être déçu. De me rendre compte que l'envers du décor n'est peut-être pas celui auquel j'aspire.
Alors, je me laisse emporter par ces histoires d'hommes et de femmes qui se rencontrent au gré des hasards et des coïncidences. Je me laisse prendre la main, et me plonger dans une époque. Et j'aime ça.
Belles prouesses d'acteurs. Un peu trop de fumée pour moi toutefois; le cinéma est encore trop a mon goût le bras armé du département marketing d'une industrie du tabac trop présente.
Alors voilà, un mixed-feeling qui rend encore bien compte de notre condition humaine: on est loin de la perfection, mais l'amour est un vivant pilier...