Ah, la saveur du cinéma bis d'antan. Y'a pas à dire, quel que soit ce qui défile à l'écran, il y a cette saveur inimitable que même les hommages récents n'arrivent pas à recréer. Un peu comme du McDo, on sait que ce n'est pas nourrissant et que ça flingue la santé, mais les papilles ne peuvent s'empêcher de saliver.
Tous les éléments d'une expérience régressive sont là ou presque : beaucoup de cul, des plans vicelards, une partition musicale qui fleure bon le dimanche soir... Certes, la jaquette du DVD français promettait bien plus, avec une orgie de nanas armées qui se baladent dans le désert à bord d'un pick-up, alors qu'en fait tout se passe quasiment en huis-clos dans un coin reculé des forêts canadiennes. Mais au lieu de crier à l'arnaque, il faut avouer que Vixen a bien meilleur goût que cette jaquette.
Certes, son scénario ne vole pas haut, à savoir "Vixen qui se tape tous les personnages du film". Russ Meyer essaie bien de causer racisme, guerre et communisme, mais de façon bien trop superficielle pour que l'on retienne un propos. C'est bien entendu son héroïne qui incendie la pellicule, nymphomane libérée qui fait voler en éclat tous les tabous sexuels, y compris l'inceste, un an avant le Summer of love. Erica Gavin impose une aura sexuelle dévastatrice qui ne manquera pas de réveiller votre service trois pièces, et il fallait du courage en 1968 aux USA pour accepter de jouer un tel personnage, doigt d'honneur à la face du puritanisme.
En ce sens, Vixen est plus un jalon historique qu'artistique, mais ça n'empêche pas d'y prendre un plaisir très coupable.