Rendons d'abord hommage au talent et à la "rigueur" de Paul Greengrass, qui reproduit le procédé narratif de "Bloody Sunday" (filmage brut, refus de la dramatisation spectaculaire, comme de tout "truc" de cinéma afin d'éviter un pathos inutile par rapport à la force de ce qui est sur l'écran), pour nous offrir les images du "Vol 93", soit l'un des rares "trous noirs" du 11 Septembre. Admettons que l'on sort lessivé physiquement et dévasté émotionnellement de cette heure et quarante-cinq minutes, qui renvoie chacun d'entre nous à ses souvenirs de cette "journée particulière", comme à ses éventuelles phobies de l'avion... Ceci dit, on se demande quand même à quoi rime tant de talent et de dépense d'énergie : nul message politique (comme dans "Bloody Sunday", justement), nulle perspective morale ou éthique - à moins que l'on se contente de considérer "Vol 93" comme une démonstration de la puissance du cinéma ? A quoi sert ce film ? [Critique écrite en 2006]