En 2023, j'apprenais que Mel Gibson allait réaliser un nouveau projet intitulé Flight Risk. Je trouvais que ce titre avait de la gueule et j'ai été très déçu quant au choix du titre français , moins percutant que Tu ne tueras point. Je surveillais sans cesse Internet afin d'avoir des infos sur ce nouveau long-métrage, et j'avais peur qu'il ne sorte pas au cinéma. Ce n'est pas ce qui est arrivé, et j'en ai été très soulagé : c'est la première fois depuis 2016 et le sympathique Blood Father qu'un projet de Mel Gibson arrive au cinéma et ça se fête, car Mel Gibson a souvent fait des films qui sont alternatifs à Hollywood et qui sont sortis soit en DVD, soit sur les plateformes de streaming.
Il était important pour Mel Gibson de réaliser un nouveau film et surtout de se renouveler. C'est la première fois qu'il réalise un huis clos. Donc il ne fallait pas dévier de sa trajectoire et garder le cap. C'est son film le moins violent, le plus accessible depuis L'homme sans visage, le plus contemporain, car Mel Gibson n'avait jamais réalisé de film qui se passaient de nos jours (l'action de L'homme sans visage se déroulait en 1968) et aussi... le plus vulgaire ! Bon nombre de spectateurs risquent d'être déçus par certaines blagues ou situations un peu graveleuses de la part de Mark Wahlberg, totalement à contre-emploi en méchant sado-maso qui nous sert un pastiche de Dignam dans Les Infiltrés, sans être à son niveau. Mais quant il n'arrive pas à déstabiliser Topher Grace et Michelle Dockery, il arrive à être mordant dans les scènes d'actions, surtout, là où on ne l'attend pas !
Il est beaucoup plus question de violence psychologique que de violence physique, car Mel Gibson revient à cette formule autrefois traitée dans L'homme sans visage où le personnage de Justin McLeod est confronté à l'hostilité des habitants de la petite ville, qui le marginalise et le harcèle en lançant des rumeurs à son encontre. Ce n'est pas ce qui arrive ici, puisque le personnage de Mark Wahlberg affiche ses pulsions meurtrières et sexuelles en promettant de violer le personnage interprété par Michelle Dockery. C'est aussi du harcèlement.
C'était le film que j'attendais le plus au monde depuis son lancement et après ce court voyage d'une heure et demie enfermé dans ce vieux coucou, je suis ressorti de la salle un peu partagé. C'est un petit thriller sans prétention, une série B classique, épurée, qui ne révolutionne pas le genre, mais qui reste sympathique, bien fichue, qui lorgne dans les grands succès du cinéma d'action des années 90 mais où il manque un peu de suspense et de subtilité.
Comment expliquer un tel échec au box-office en France ? Il y a quelques hypothèses : aucune avant-première en France, une distribution en salles limitée (dans mon département, la première semaine de sa sortie, il n'y avait que deux cinémas qui le distribuaient !) et sans doute un manque de communication ? Ou si j'en crois le commentaire d'un utilisateur de SensCritique, le public, français ou étranger, n'a-t-il pas pardonné à Mel Gibson de s'être lancé dans une série B, voire de s'être diversifié, et d'avoir joué la carte de la facilité ? CQFD.