En même temps que McMurphy, un prisonnier revêche qui a cru bon de se faire transférer dans une institution psychiatrique, le spectateur est plongé dans un univers déroutant et complexe de folies douces et de psychoses en tout genre. Comme McMurphy, le spectateur découvre ceux qu'il appelle très prosaïquement les "timbrés": des malades mentaux aussi divers qu'attachants.
Sur ce plan, l'intérêt du film et celui qu'on porte aux personnages proviennent de la justesse des portraits que Milos Forman fait d'eux, des portraits qui ne constituent pas une étude clinique fouillée mais au moins une habile et honnête introduction à la maladie mentale. Entre les murs de l'asile, Forman met en scène la relation entre le personnage de Jack Nicholson et ses drôles de co-détenus, les efforts pas toujours suivis d'effets que ce dernier déploie pour "réveiller" et animer le groupe.
Cette "thérapie" sans ambage qu'engage McMurphy introduit le thème principal du film. Forman ne tarde pas à dénoncer la méthode officielle, une méthode compassée et manifestement inefficace. De sorte qu'on est amené à faire siens le bon sens, certes un peu rudimentaire, et le dynamisme de McMurphy plutôt que les aimables et vaines discussions de l'infirmière en chef dont la tranquille assurance et la fermeté, l'immobilisme médical, indiquent la vanité de ses prérogatives.
Au-delà, on n'est pas prêt d'oublier le formidable numéro de Nicholson, dont le cabotinage et les expressions d'incrédulité devant la folie et les postures de ses copains caractérisent un personnage aussi drôle qu'attachant. Surtout lorsque ses écarts de langage et sa grande gueule laissent percer une réelle sensibilité.