Le pari qu'a osé lancer Milos Forman avec ce film est de nous rendre sympathiques les patients d'un hôpital psychiatrique et par la même renverser tous les codes qui veulent que les fous nous apparaissent comme un danger, et les médecins qui les encadrent, sains et bons. Il n'y a qu'à voir aujourd'hui combien est important le thème de la folie et comment celle-ci est toujours traitée comme source de danger, autant dans les jeux vidéos que les films horrifiques. Seuls échappent à cette règle quelques rares œuvres, qui souvent font date. On pense à l' Homme d'Exception de Ron Howard, mais aussi et surtout à ce Vol au dessus d'un nid de coucou, resté, à raison, dans les mémoires du cinéma mondial. Et le pari, j'y reviens, lancé par Milos Forman est gagné, et haut la main. Car s'il joue avec les codes, renverse la balance en rendant profondément sympathique, souvent drôle, parfois émouvant de naïveté, le quotidien de cette bande de malades mentaux, le réalisateur ne déséquilibre pas la balance ; d'une part parce qu'il ne fait pas des médecins les méchants (là où les fous sont souvent vus comme les méchants), mais simplement les pions, parfois sympathiques (les aides soignants qui n'hésite pas à jouer et rire des bêtises de leurs patients), souvent stricts (la rigoureuse mais violemment froide Mildred Ratched), d'un système régit par de solides règles inébranlables, d'autre part parce qu'en s'offrant de grands moments de fous rires, Milos Forman n'évite pas la noirceur globale de ce quotidien en nous montrant la violence et les fatales conclusions de telles maladies. Comme si le retour à l'insolence enfantine d'une salle de classe, avec sa bande camarades, pouvait à tout instant basculer dans l'horreur d'une maladie que le film ne tente pas d'effacer. Le tout est enfin servi par une mise en scène d'une limpidité totale, d'une lisibilité absolue, sans fausse note ni faute de rythme, que, peut-être, on aurait aimé plus audacieuse et photographique de la part de cet immense réalisateur, et par le jeu, on ne le dira jamais assez, de Jack Nicholson, électrique dans la peau de ce personnage dont on ne saura jamais, à l'image de son interprète, s'il est vraiment fou ou non...

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le 16 juil. 2016

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Charles Dubois

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