Volpone est un riche commerçant levantin prétentieux, hautain et méprisant, établi à Venise. Il est endetté et ses créanciers le poursuivent afin de récupérer l argent dû qu'il ne cesse de leur promettre. En effet notre commerçant possède trois bateaux dont l'un doit accoster avec dans ses cales un coffre de pièces d'or et de bijoux. Malheureusement pour lui, au matin d'une tempête, le bruit court en ville que le navire est coulé. Les créanciers le font alors jeter en prison et il se retouve dans la même geôle que Mosca, un filou notoire. Mais voilà qu'à la grande surprise de tous, le bateau porté disparu apparaît avec son lot de trésors. Volpone est alors libéré et paie les dettes de son compagnon de prison, Mosca, qu'il fait libérer et embauche comme majordome et confident.
C'est alors que Volpone décide de se venger de ceux qui l'on fait jeter en prison et les deux compères vont concocter un plan machiavélique. Le commerçant va se faire passer pour mourant et faire miroiter à chacun des plaignants qu'ils vont être couchés sur son testament et ainsi hériter de sa fortune. Volpone réussit à humilier ceux-ci, mais c'est sans compter sur la ruse et la logique de Mosca...
"Bien mal acquis ne profite jamais", telle est la leçon à tirer de cette très aimable comédie de Jules Romain, portée à l'écran par Maurice Tourneur et Jacques de Baroncelli. Volpone est un riche roublard qui tombe sur plus rusé que lui. Cet être méprisant va manipuler ses adversaires de la manière la plus abjecte qui soit, alors que ceux-ci, riches notables de Venise, vont se montrer d'un rare opportunisme et prêts à tout pour faire fortune au moment du décès de leur pire ennemi d'hier. Avec la complicité de Mosca, excellent manipulateur, ils se livrent à toutes les bassesses inimaginables. Corbaccio, le vieil usurier avare, déshérite son fils afin "d'acheter" le testament de Volpone, alors que Corvino, le mari le plus jaloux de la ville, ira jusqu'à livrer sa chaste et fidèle épouse dans les draps du riche marchand. Seul Mosca ne dit mot. Il obéit, se plie aux caprices de son maître, collabore et prépare dans l'ombre son avenir. Celui-ci se jouera lorsque, grâce aux cris de la pudique épouse de Corvino, la supercherie éclatera au grand jour et là, au terme d'un nouveau procès, Volpone perdra de sa superbe, d'autant que le nom de son majordome figure sur le testament. Les pièces d'or seront alors jetées au peuple lors du carnaval de Venise par le gentil filou Mosca, justicier au grand coeur vis à vis du petit peuple.
Bien sûr ce film n'a certainement pas la saveur de l'écriture talentueuse de Jules Romain. Maurice Tourneur et Jacques de Baroncelli ont produit une très honnête comédie, bien rythmée et distrayante. Il faut tout de même remarquer une grande naïveté du côté de la mise en scène sans grande imagination, rendant cette réalisation quelque peu désuète et vieillotte.
Par contre, malgré une interprétation très appuyée et très théâtrale, comme souvent à l'époque, c'est toujours un immense plaisir d'apprécier sur la pellicule des monstres sacrés.C'est vrai que l'on se régale à revoir Harry Baur, le "seigneur" Volpone, Louis Jouvet, le rusé homme à tout faire,Charles Dullin, l'infâme pingre Corbaccio, Fernand Ledoux, opportuniste et mielleux, "sacrifiant" sa femme et Jacqueline Delubac, prête à épouser Volpone à l'aube de sa soi-disant mort prochaine. Même si ceux-ci en rajoutent, cabotinent, il n'en demeure pas moins que leur talent énorme réussit à faire d'un film commun une très honorable réalisation.
Les copies de ce film que l'on peut encore trouver dans le commerce sont d'excellente qualité. Ne vous privez donc pas d'un petit moment de nostalgie, face à ces "grandes figures" du cinéma français qui, certainement, parviendront à vous faire sourire.