Ah les "mama"... Celles qui nous font répéter des "oui maman..." épuisés, et qui pourtant nous manquent cruellement dès qu'on les perd de vue. Pedro Almodóvar célèbre les mères comme des reines, leurs offre des retrouvailles d'une incroyable tendresse avec leurs enfants, et réussit à y mêler des intrigues plus crues (abus sexuels et meurtres au programme) pour ne jamais tomber dans le film de bons sentiments. Penelope Cruz est comme toujours solaire et pousse la chansonnette que l'on écoute sans un bruit, et l'on se régale de l'ensemble du casting féminin qui représente les femmes dans ce qu'elles ont de plus osé (une meurtrière et une complice, elle-même fille d'assassine, puis l'on découvre une voisine généreuse qui n'est autre qu'une péripatéticienne décomplexée) mais aussi de plus tendre (l'amour des vivants et des morts, sans limites). La maman qui est "moins morte" que prévu est source de gags lorsqu'elle est prise pour un fantôme, source de révélations sidérantes lorsqu'elle parle avec son aînée de la monstrueuse jeunesse qu'elle a vécu (abusée et enceinte de son propre père qui s'enfuit ensuite... Si la mère n'a pas d'allumettes pour le faire brûler, on lui tend volontiers notre briquet), et évidemment source de soupirs transis d'amour maternel lorsqu'elle profite de cette seconde chance pour renouer avec ses filles et petite-fille. Almodóvar signe certainement sa plus belle ode aux femmes avec ce chant d'amour aux mères entre gags absurdes et sentiments sincères. Aussi plaisant que touchant.