Vortex – À la vie, à la mort...
Gaspar Noé est l'un des cinéastes les plus singuliers du paysage audiovisuel français, aussi bien vénéré par ses fans que conspuer par ses détracteurs, il a su imposer sa vision d'auteur sachant aussi bien provoquer des émotions fortes telles que le dégoût et la fascination.
La singularité de Vortex est son Split-screen permanant (l'image est scindée en deux, formant donc deux images en une). Si ce procédé peut paraître futile et gadget, il n'en est rien. En suivant d'un côté le vieil homme, de l'autre, la vieille femme, Gaspar Noé nous montre deux points de vu de la fin d'une vie. Tout d'abord, le personnage joué par le réalisateur culte italien (dont Gaspar Noé est un grand fan) Dario Argento, est un homme âgé perdant petit à petit ses capacités physiques. De l'autre la magnifique Françoise Lebrun qui, elle, perd petit à petit la tête.
Il faut d'ailleurs parler du travail admirable de Jean Rabasse, chef décorateur de génie qui a aménagé un appartement parisien avec de nombreux objets, livres et autres souvenirs qui englobent le film d'un sentiment nostalgique. Cet amas de souvenirs rend l'espace d'une incroyable vivacité et de réalisme.
Tout cela est sublimé par la caméra de Gaspar Noé, suivant donc les deux personnages à travers de long plan, navigant dans l'appartement, mais aussi dans la rue pour une scène tragique voyant cette vieille dame se promener sans savoir où elle va, perdue, pendant que son mari est en train d'écrire sans penser que sa femme a besoin d'aide...
Parce que même si nos personnages sont séparés à l'écran, leur amour l'un pour l'autre transpire grâce à des dialogues criant de vérité (improvisés pour la très grande majorité), de longs regards et petits gestes affectueux qui déchirent le cœur d'un sentiment de tristesse et de joie, et cela, jusqu'à la fin du film.
Car si la mort est la seule fin possible, l'attente de celle-ci se fait en vivant. C'est là toute la puissance de Vortex !
Vortex est un chef d'œuvre, un film d'une puissance rare, qui vous hantera un très long moment...