Paraît-il que Vortex marquerait une rupture dans la filmographie de M. Noé. Regardons-y de plus près. Le thème de la mort et de la drogue sont présents, des plans-séquences et des références cinéphiles servant uniquement de décor et de clin d'oeil au spectateur le sont aussi, et même une pincée de religion permettra de clore un film résolument matérialiste (cf. la phrase d'ouverture du film). Ah ! N'est-ce pas du Gaspar Noé par excellence ? Certes, on conviendra que la caméra vole un peu moins dans tous les sens que d'habitude et que les jeux de lumières sont moins nombreux ; mais de là à être dépaysé...
En réalité, ce qui se fait principalement ressentir dans Vortex est manifestement la technique de tournage de Gaspar qui semble aller toujours plus loin vers l'improvisation des acteurs, donnant un ton particulier à ses dialogues. La scène d'ouverture - catastrophique dans son ton plus que faux - annonce la couleur, celle d'un film rythmé au gré du hasard des dialogues et de leur interprétation. Suivra une bonne heure étirée à n'en plus finir et basée sur ce que l'on voit désormais partout depuis quelque temps au cinéma, c'est-à-dire par de bons gros plans-séquences rapprochés. Heureusement, le reste du film remontera doucement la pente jusqu'à atteindre le niveau d'un film relativement correct, mais toujours au niveau d'un long-métrage plutôt émouvant grâce à son seul sujet (très) dramatique que par sa mise en scène et son inventivité.
On notera au passage une scène-symptôme du film et plus particulièrement du cinéma de Gaspar Noé ces derniers temps : celle où un personnage est filmé alors qu'il est au sol dans son salon en pleine nuit et qu'une télévision est allumée sans raison, près de lui, avec la planète Solaris, version Tarkovski, en fond. Là où il y aurait pu avoir un plan d'une beauté triste, il y aura avant tout un énième clin d'oeil cinéphile au spectateur bien avisé. À mon sens, Gaspar Noé échoue ici ce qu'on voudrait bien nous présenter comme un tournant dans sa filmographie.
Puisque le cinéma précédent notre cher Gaspar Noé est déjà si riche selon lui, j'irai peut-être retourner voir Amour de Michael Haneke sur le même sujet.