Je vois pas tellement l'intérêt du split screen. À part nous offrir l'heureuse opportunité de jongler d'un cadre à l'autre pour tromper l'ennui et la lenteur du film, c'est esthétiquement faible. Représenter la barrière entre les personnages par cette seule idée, c'est comme faire un flashback en noir et blanc : une idée d'étudiant en L1 de cinéma. Donc une fausse bonne idée, mais bien pratique néanmoins, ça évite d'avoir à penser une réelle mise en scène...
Le pire dans tout ça, c'est que c'est même pas le plus mauvais aspect du film. Ce qui le rend imbuvable à mes yeux, c'est ce qu'il raconte. On pourrait penser qu'il parle de la vieillesse et de la maladie, et de la solitude et de l'impuissance qui vont avec. Mais pour moi ça va au-delà de ça. À travers le personnage du fils, au moins aussi vulnérable et impuissant que ses parents, il raconte la faiblesse et la lâcheté de l'être humain. Dans le film, elles semblent lui être inhérentes, omnipotentes. C'est une vision de l'homme terriblement péjorative et pessimiste que nous livre ici Gaspar Noé.
En ce sens, le climat du film ne diffère pas beaucoup de celui d'un Love ou d'un Irréversible. Climats à l'opposée de ma vision du monde, de la vie, et même du cinéma. Pourtant un auteur aussi cynique que Haneke sait me séduire. Mais il y a une profondeur et une maîtrise chez le cinéaste autrichien que je ne retrouve pas ici. Bref, la barrière entre Gaspar Noé et moi n'a jamais été aussi grande. Une de mes pires expériences au cinéma depuis bien longtemps.