Comment filmer la solitude, le délitement mental, l’entrée dans la démence, l’incommunicabilité et la mort quand surgit vieillesse ? Le dispositif cinématographique choisi par Noé est aussi épuré que bouleversant. L’espace mental qui se divise, le couple comme emmuré dans un espace qui semble se rétrécir, dans un fouillis indescriptible qui métaphorise la psyché en déliquescence, un espace mental qui se scinde en deux solitudes, en attente d’une mort annoncée, si douloureuse. Une vie fragile où tout devient danger : le gaz qu’on laisse ouvert, les médicaments que l’on mélange, les mots qui disparaissent, les repères qui se perdent. Les deux acteurs sont impressionnants, profondément touchants chacun dans leur souffrance. Tous deux à la recherche d’un temps perdu qui ne se retrouvera pas. Noé nous étonne donc dans une œuvre sans doute personnelle où il décrit avec réalisme la fin de vie d’un couple âgé…
Noé divise l’espace et compresse le temps dans un labyrinthe mémoriel déchirant. Irréversibles errances d’une chronique de la mort annoncée.