Ah le pessimisme de Woody Allen ! Oui, il est bien réel : l'homme est tout à fait lucide sur notre condition d'êtres humains et donc mortels, et comment mieux lutter contre cette peur de la vieillesse et de la mort qu'en la mettant en scène dans ses films?
Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu annonce tout de suite la couleur et nous découvrons la délicieuse vieille dame très british qu'est Helena, campée à la perfection par Gemma Jones, qui désemparée par un abandon marital après 40 ans de vie commune, délaisse la psychanalyse et les solutions extrêmes, pour recourir aux prédictions d'une voyante miracle affublée du doux nom de Cristal.
Chacun ne cherche pas son chat mais court après ses illusions, ses rêves, rêves d'amour, de réussite: c'est ainsi que l'on se sent exister et que l'on triche avec la vie, avec soi-même, comme Alfie, Anthony Hopkins fabuleux, qui s'invente une nouvelle jeunesse, prenant pour femme une blonde et pulpeuse call girl de 30 ans sa cadette, et carburant au viagra pour être à la hauteur (si je puis dire!).
Cette voix off avec laquelle le cinéaste fustige nos mensonges, nos défauts, nos indélicatesses et nos faiblesses, c'est la petite musique de Woody, qui tel un marionnettiste tire les ficelles de ses pantins, ayant pris le parti d'en rire, ce que nous faisons de bon coeur avec lui : la salle ne s'en est pas privé !
Bref, rien de nouveau sans doute dans cette "variation irrésistible sur les jeux de l'amour et du hasard", mais avec quelle dextérité le chef-d'orchestre dirige sa troupe, de Josh Brolin à Antonio Banderas en passant par la jolie Naomi Watts ou la voisine d'en face Freida Pinto...
Sombre, lucide, incisive, mais jamais désespérée, j'ai beaucoup aimé cette "fable racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien".