Portman déchaînée en pop star dans un film aussi superficiel et étrange que profond et symbolique.

A tous ceux qui s’attendent à voir un biopic musical consensuel et qui n’aime pas les propositions de cinéma radicales, mieux vaut s’abstenir. En effet, avec « Vox Lux » on est très loin d’un « A star is born » ou autre « Walk the line ». Pas seulement parce que cette chronique du XXIème siècle, comme est judicieusement sous-titré le film, narre la vie d’une starlette imaginaire mais surtout parce que c’est un cinéma peu aimable, pas facile d’accès et qu’il faut vraiment regarder de manière investie. En effet, si on le visionne pour se détendre ou en attendant une sucess story classique, on risque de s’y ennuyer et de ne pas saisir le propos, voire de trouver « Vox Lux » particulièrement étrange et opaque. Mais, si l’on fait l’effort de tenter de reconnaître les nombreux symboles présents et d’en comprendre le riche sous-texte, on peut y trouver son compte.


De sa narration, scindée en deux parties bien distinctes, à son atmosphère, quelque peu lugubre et désenchantée, en passant par son propos et le constat sur notre époque et nos sociétés contemporaines, excessivement nihilistes, « Vox Lux » ne fait pas dans la dentelle et n’est clairement pas un film sympathique. Plutôt, au contraire, une œuvre qui nous fait regarder notre propre destinée de travers. Ce qui explique peut-être son échec total en salles et son anonymat dans les médias. Natalie Portman, qui produit le film, offre une composition renversante en starlette de la pop irritante, egocentrique et désabusée. Une espèce de dérivé pop, trash et superficiel de son rôle dans « Black Swan ». Son pendant négatif et hystérique, très agaçant à l’écran, mais de manière voulue. On la sent néanmoins moins à l’aise dans le concert final, concert à la Rihanna n forme de compilation de tout ce que la musique mainstream peut avoir de plus vide et déplaisant. Le show est là mais elle ne semble pas y être à sa place.


La narration est particulière, faite d’une demi-douzaine de moments de la vie de Céleste. Cela débute par une tuerie lycéenne, se poursuit par sa jeunesse suite à ce traumatisme et ses débuts dans le showbiz avant que le 11 septembre vienne mettre une onde de choc discrète à l’écran mais prégnante dans ces effets. Là commence une seconde partie où l’on voit la star être au firmament de sa gloire alors qu’une seconde tuerie du même genre que celle qu’elle a vécu vienne ébranler le monde pour se conclure sur le concert de son nouvel album. Tous ces éléments à priori anodins viennent faire le diagnostic édifiant d’une Amérique malade et qui crée ses propres monstres en les élevant au titre d’exemples. La voix off caverneuse de Willem Dafoe nous aide à éclaircir un propos complexe et trop sous-tendu pour être accessible. Il y a trop de scènes longues et bavardes, un peu inutiles et symptomatiques d’un cinéma indépendant américain en autarcie sur lui-même. Mais il y a un vrai discours derrière cet objet esthétisant et complexe et une originalité sur la forme et le contenu à saluer. « Vox Lux » ne vous prend pas par la main, est ponctué de scories qui l’empêchent d’être un petit film culte et il s’avère un peu prétentieux. C’est toutefois une proposition comme le cinéma en offre peu et dont certains aspects sont passionnants. A vous de voir !


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 30 avr. 2020

Critique lue 1.4K fois

8 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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