VoxLux
Les pop-stars, des terroristes (presque) comme les autres
Film générationnel, film sur la violence, Vox Lux se laisse difficilement appréhender. Derrière la fausse simplicité d'une biographie factice de popstar, se cache une réflexion sur la violence de notre époque.
Pas de hiérarchisation, les informations et les scènes sont balancés pèle mêle. Générique de fin après quinze minutes de film, clip lechés avec strass et glitter, court extrait de petits films de famille avec la voix off de Willem Dafoe en narrateur omniscient, long plan séquence de conversations éreintantes, extrait de spectacle, caméra fixe et resserée pour montrer l'enfermement de la star, caméra mobile proche du corps de la jeune artiste en devenir. Le film est un véritable fourre tout visuel, toujours pensé, toujours très beau mais surtout très versatile.
Cette violence visuelle accompagne le propos du film qui cite (sans forcément les nommer en tant que tel) Columbine et 9/11. Deux événements marquant une façon de conceptualiser le terrorisme, la violence et surtout la façon de les montrer et de les médiatiser. La seconde scène de tuerie est très parlante et renvoie clairement à la notion de "spectacle du terrorisme." (Henry Giroux) Elle nous est montrée deux fois, d'abord comme un clip musical avec des couleurs vives et claires, un cadrage précis, une esthétique léchée et une mise en place des tireurs chorégraphiés. On ne peut pas s'empêcher de la trouver agréable au regard ce qui crée un malaise. La scène est ensuite montrée par l'intermédiaire du téléphone de l'un des tueurs. Ils avaient donc décidé de filmer le massacre. L'ensemble avait été pensé pour être médiatisé. On se sent alors encore plus mal à l'air face au premier ressenti.
Le film continue de démonter cette violence inhérente à la surmédiatisation par le personnage de Céleste. Il n'est pas anodin que le générique de fin se soit lancé pile au moment où l'on comprend que la jeune fille a survécu à l'attaque. Son corps a survécu, mais sa vie, telle qu'elle aurait pu être, est belle et bien terminée. Céleste se retrouvera emporté dans un tourbillon de fous furieux. Sa célébrité reposant sur son aura de survivante plus que sur son talent en tant que tel, elle se retrouvera écrasée par sa propre médiocrité et un système médiatique qui l'empêcherait presque de respirer.
On ne peut pas dire que le visionnage soit plaisant puisqu'il nous laisse vides et éreintés comme après une session de scroll intensif sur instagram, mais puisqu'il y a des paillettes, tout va bien.