Des parents âgés quittent leur campagne pour rendre visite à leurs enfants mariés et installés à Tokyo. Éprouvés par la perte d'un fils à la guerre, les parents expérimentent le délitement des liens familiaux quand ils constatent qu'ils dérangent le quotidien de leurs enfants concentrés sur leurs préoccupations personnelles. Seule la veuve de leur fils décédé leur témoigne affection et respect.
Ozu et sa caméra-fenêtre, contemplatrice du monde rendu réel où le temps, la vie et la mort travaillent à tout séparer : les couples, les générations, les fratries et la tradition révoquée par la modernité dans laquelle le Japon d'après-guerre s'est précipité. Le quotidien se brise avec humour comme un pied de chaise. La beauté ciselée des petites choses, le drame des petitesses, la grandeur humaine si humaine.
Tout est à sa place, construit, décidé, pertinent, chaque objet, chaque plan, chaque éclat, chaque silence : tout s'impose avec douceur et pudeur dans une esthétique de la simplicité travaillée à l'extrême. La caméra toujours se fixe : et la terre est si basse, dit l'image.
Rien n'est tranché ni jugé, ni innocent ni coupable : tout est pardonnable parce rien au fond ne peut être sauvé. Immense Ozu, jamais dénonciateur, toujours observateur : donner à voir. Ozu et sa si discrète affection pour les choses humaines.
Et surtout, d'abord et avant tout, ce ballet d'éventails.