Steven, Nick et Mikael s'apprêtent à partir pour le Vietnam. Ces ouvriers sidérurgistes sont des amoureux de la chasse, qui y trouvent liberté et évasion. La bande de pots pense à organiser leur tout prochaine sortie tandis que l'un des leurs va se marier.
Le décor est campé tranquillement en nous montrant la complexité des rapports qui existent entre les différents personnages. Ils s'aiment puis se rejettent, s'adorent puis se foutent sur la gueule.

Mikael est celui qui se différencie. Il reste dans son coin, sérieux pendant que les autres s'amusent et se laissent amener par le divertissement. Le mariage est déroulé pendant une éternité, et après cela la session chasse si attendue. C'est long, très long, on se voit crier à l'ennui, même si l'on perçoit l'intérêt si essentiel de cette partie pour le récit qui se construit.

Puis, la transition est brutale, tout ceci n'était qu'un rève...plutôt les souvenirs de Mikael avant qu'il ne mette les pieds dans la jungle vietnamienne. La claque est alors plus que violente, de celles qui laissent la marque boursouflée des cinq doigts sur le visage.
Les images envahissent d'horreur et de cruauté, tant l'opposition avec le folklore précédent est totale, c'est pour ainsi dire très réussi. Enfermés dans des cachots immergés, Steven apparaît misérable rongé par la peur, Nick est tourmenté par les visions abjectes de la guerre, et Mikael semble transformé en bête, furieuse de désespoir.
Leurs conditions de détentions sont choquantes. Les images pointent des soldats équerrants pariant à la roulette russe sur les têtes de leurs prisonniers. Ironie du sort pour Nick qui est d'origine russe.

La guerre ravage tout, à commencer par le coeur des hommes...

Le film est construit en deux parties, l'avant guerre et l'après, la vie harmonieuse puis le gouffre profond, étroit et sombre, creusé par leur absence et qui les éclabousse au retour.
Un film qui traite de son impact sur la nature de l'homme, une gangrène de l'esprit qui pousse les vétérants à l'exclusion, car la guerre ne fait pas que tuer. Elle éclate les hommes, les abaisse à terre en leur enlevant la raison et l'estime d'eux-mêmes, efface leurs repères et les tranforme en jouet-objet dénué de tout libre arbitre.

Voyage au bout de l'enfer est en définitive un film exceptionnellement percutant dont les quelques longueurs préalables s'excusent par une deuxième partie époustouflante et révoltante à la fois.

Créée

le 29 janv. 2013

Modifiée

le 2 févr. 2013

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