Jacen - Trip in... France

Voyage en Chine (2015) / 96 min
Réalisateur : Zoltan Mayer
Acteurs principaux : Yolande Moreau ; Qu Jing Jing.
Mots-clefs : France ; Chine ; Deuil.

Le pitch :
Liliane part en Chine pour la première fois de sa vie afin de rapatrier le corps de son fils, mort dans un accident. Plongée dans cette culture si lointaine, ce voyage marqué par le deuil devient un véritable voyage initiatique.

Premières impressions :
Plutôt retissant devant le cinéma français, j'avais décidé ce soir de faire une exception pour "Voyage en Chine" dont la bande-annonce augurait un beau voyage initiatique et pas trop caricatural sur l'empire du milieu. J'ai donc sauté sur ma VOD en imaginant déjà un film ressemblant de loin à un "voyage en terre inconnue", nous montrant les différences entre nos cultures sur un fond d'histoire de deuil... J'aurais mieux fait de me mordiller l'oreille gauche.

Le film commence par 60 minutes de chougne. Liliane apprend le décès de son fils et décide la mort dans l'âme d'aller trainer sa tristesse dans le Sichuan. Il faudra bien 25 à 30 minutes avant de voir la moindre image de la Chine. Avant, on n'y voit qu'une Liliane triste, qui traine son fardeau avec un jeu digne des meilleurs roms des couloirs du métro de Paris. Enfin, ça c'est quand on y voit quelque chose. Ben oui, parce qu'histoire de faire dans le triste, les trois quarts des scènes de la première demi-heure se font dans le noir, avec autant de lumière que celle d'une bougie d'anniversaire en fin de vie.

Une fois arrivée, les trente minutes suivantes ressemblent à du Lost in translation, en chiant et dépressif. Le personnage ne comprend rien et rencontre des second rôles aussi développés qu'un pénis de mouche. C'est bien simple, les personnages n'ont ni passé, ni avenir, ni personnalité : ils ne sont définis que parce qu'ils connaissaient le défunt ou parce qu'il parlent autre-chose que le chinois. En plus Yolande Moreau traine la même expression de plans foireux en plans foireux. Le réalisateur a en effet abusé des cadrages en encoignures de portes, de fenêtres, de tables et le plus souvent dans des pièces en longueurs. Impossible alors pour l'actrice de s'exprimer car elle n'aura que la tristesse à jouer. Ni colère, ni incompréhension, ni mélancolie, non. Juste de la tristesse, des pieds qui trainent et le regard vide.

La dernière demi-heure est un poil meilleure, Liliane arrive dans le village dans lequel son fils est décédé et cela permet au réalisateur de nous montrer enfin la Chine, du moins ses rites funéraires, relativement expédiés et surtout jamais commentés. Rien ne vient expliquer à Liliane et donc au spectateur ce qui se passe à l'écran. D'ailleurs les scènes passent sans avoir de liens entre-elles, à croire qu'il n'y avait pas de scénario et juste une (bonne) idée de départ.
On pourrait se consoler en pensant voir de beaux paysages, c'est d'ailleurs ce que j'attendais du film, mais là encore, tout est décevant. Il n'y a guère de plans larges des campagnes ou des montagnes chinoises. On aperçoit tantôt une route, tantôt un bâtiment, mais dans le fond le film aurait tout aussi bien pu être tourné dans la campagne Orléanaise qu'on en aurait rien su.

Bref, sans scénario, sans personnage, sans musique (deux morceaux en 90 minutes) et même sans belle photographie, "Voyage en Chine" est à ranger dans les films français qui font du pathos un scénario et du vide une forme d'ennui.