Mon amour pour Rossellini s'est révélé après le visionnage de ce film. Mon chef d'oeuvre sur l'entendement des émotions de l'Homme. A travers un couple en pleine rupture, Rossellini plonge dans les abîmes de leurs tourments.
Après avoir visionné ce film plusieurs fois une impression est née en moi, et ne cesse de se confirmer. Rossellini filme ses personnages dans un ensemble, un tout, comme une composition pour un tableau. Tous les éléments sont importants. Les chauds paysages italiens, Pompéi et le Vésuve brûlants, une Naples bruyante, les statues des musées influent sur l'inconscient et les émotions de nos deux personnages. Tous les éléments environnants font partie de leur âme, tout est intériorisé, tout est humain. Tout contribue à intensifier les questions du couple sur leur situation ; sur le point d'exploser comme une éruption de dégoût et de mépris.
Voyage en Italie n'aurait pu être autrement. L'Italie noire et blanche, les plans minimalistes, le désespoir touchant du couple nous entraînent un peu plus dans l'anatomie de l'âme humaine.
Il faut l'avouer, Rossellini était un grand paresseux, au lieu de s'occuper de réécrire les dialogues et le scénario, le monsieur préférait partir à la pêche, abandonnant sa petite équipe de tournage. Je comprends tout à fait que certains trouvent cette oeuvre d'une grande paresse, d'un grand vide, mais pour moi elle reflète avec finesse nos émotions.
De plus, Roberto Rossellini est aux antipodes des grandes productions Hollywoodiennes. Pas besoin d'un décor valant millions, ni maquillage, pas besoin de tout ça non. Il prouve qu'à partir du réel, d'images et d'un scénario simples, il est possible de faire exploser les émotions des personnages dans l'espace de l'écran : sans inventer l'impossible, en explorant simplement les ressources de la vie et de l'Homme.
"Par l'apparition de Viaggio in Italia, tous les films ont soudain vieilli de dix ans" - Jacques Rivette, Cahiers du Cinéma n*46, avril 1955.