C'est normal que je me sente coupable?
Qu'on se comprenne bien: Terrence Malick est sans doute le plus grand poète américain du XXIe, si ce n'est de tous les temps. Ses films transpirent d'une sensibilité inouïe, d'un art du montage et de la manipulation de la caméra qui donne au cinéma un autre sens (rien que ça).
Mais je dois le dire: je me suis fait chier. Désolé. Un moment je me suis demandé si c'était ça, l'autre manière de prendre les spectateurs pour des abrutis: après les blockbusters sans âme, les poèmes inaccessibles? On pourrait parler des heures de l'exploitation de chaque plan, du sens de chaque prise, du symbolisme caché, de la simplicité, de l'amour, du lyrisme post-moderne. Mais ça ne me touche pas. Au sortir de la séance, je ne savais même pas si le film m'avait plu ou pas. J'avais passé 1h30 à voir des images sublimes et à sursauter à chaque fois Cate Blanchett (parée de son accent le plus snob) se décidait à lire sa page recto verso d'une voix éthérée au possible. Je ne parviens toujours pas à me décider si le film était une arnaque ou une incroyable déclaration. Et sur le chemin de retour, mi-indigne mi-vengé, je me suis fait l'intégrale des chansons de la saison 2 de Glee, annihilant toute possibilité de réflexion sérieuse sur le film.