Je ne vais pas me lancer sur une critique puissamment argumentative sur ce "petit" film, le fait est, qu'en 1 heure et 30 minutes de calme, de longs plans évasifs sans dialogues hormis la voix off dispersée de part et d'autre dans le long métrage, j'ai été bercé, je me suis évadé, je n'ai pas vu le temps passer.
Voyage of Time : Au fil de la vie, ce n'est rien d'autre que du Malick, mais du Malick dans ce qu'il fait de mieux, son propre style poussé ici à son paroxysme car il ne conte pas l'histoire de deux amants en pleine cavale dans les années 1950, où encore la quête d'un scénariste en vogue en pleine crise existencielle, non, il nous narre autre chose...
Terrence Malick filme ici l'aventure de la vie, tout simplement, un voyage mystique auréolé d'images sublimes sur la naissance de l'univers, de la Terre, de l'origine de la vie.
Certains y voient une mascarade, certains un genre de Tree of Life sans scénario, un trip new-age et psychédélique, ou simplement un documentaire conventionnel, mais Voyage of Time est bien plus que cela. C'est une ode à la vie.
L'aisance de Malick à filmer la nature, les grands espaces, font de cette oeuvre un condensé de poésie, le cinéaste est définitivement le grand maître de l'image, et l'un des grands noms du style contemplatif, dont le film ici n'a jamais été aussi représentatif du style.
Le réalisateur donne ici des plans mémorables, en alternant entre des scènes mutiques, sur la création du monde et la vie qui suit toujours son chemin, et d'autres scènes sur l'humanité dans un milieu contemporain. Alors que celles ci sont filmées d'une manière brute, saccadée, dans des environnements confinés, les scènes sur la nature, sont, quant à elles, des longs plans poétiques empreints de mysticisme, et donnent une impression de grandeur et d'évasion spirituelle, comme si le père de La Ligne Rouge voulait nous montrer à quel point nos déboires en tant qu'humains, nos conflits à court terme, notre existence individuelle même, n'étaient que futilité devant le voyage phénoménal et universel qu'est la Vie elle même.
Quelques aspects que je déplore, c'est cette voix-off, pourtant indispensable au style de Malick, qui bascule à certains moments dans la caricature de lui-même, et les séquences (pourtant fortes au plan visuel) où les premiers hommes arpentent le monde. Ceux ci, nus, des corps d'athlètes, l'air propre à souhait, pas très représentatifs de l'homo sapiens tel qu'il est véhiculé dans les livres d'histoire et les documentaires, sont une vision un peu cliché qui semble dire au spectateur que l'homme est le parangon ultime de la beauté et le plus bel exemple de la vie, alors que le cinéaste semblait nous dire que la "petite" humanité n'était que vétille au sein de la Vie en général.
Ces scènes, tout de même superbement orchestrées, illustrent ici la limite entre comment le film a été vendu (à savoir un documentaire) et ce qu'il est réellement (un film de Malick donc...assez inclassable).
Malgré quelques aspects qui sont les clichés du cinéaste lui même,celui ci, comme à son habitude, a livré une oeuvre au visuel fort, à contre courant du cinéma classique, et livre ici son style avec tellement de puissance et de poésie que Voyage of Time semble défier les lois cinématographiques, tant on a l'impression que la caméra de Malick dépasse ce qu'il filme, tant on a le sentiment que ces images denses et riches dépassent l'écran.
Un film à l'image de son créateur, très spiritualiste, une errance contemplative sur les fondations et les origines de la vie et l'univers; Voyage of Time : au fil de la vie est comme son nom l'indique, un voyage monumental, une ode à la vie et au cinéma lui même, une de ces œuvres qui élèvent l'âme.