24 photogrammes de jugement par seconde. Godard alias Hans Lucas appelle à comparaître une trentaine de citations cinématographiques jugées vraies ou fausses, bonnes ou mauvaises, morales ou immorales. Cet éloge de la faculté de juger constitué par Vrai Faux Passeport perpétue l'héritage faramineux des Histoire(s) du Cinéma, mettant à la question les images, toutes les images.
Allant de films aussi éloignés que La Strada, The Brown Bunny, Allemagne Année Zéro, Showgirls, Reservoir Dogs ou encore Les Dix Commandements cet essai critique redéfinit donc les films, leur éthique et leur esthétique. Le regard, le ton, le goût, la distance ad hoc sont - à l'instar du travelling - une réelle "affaire de morale" pour l'auteur de Pierrot le Fou, quelque soit ce que le réalisateur cherche à montrer, suggérer ou même simplement raconter.
En déclinant son film sous une trentaine de thématiques Godard use de métaphores, de collages et d'effets de contrebande à la fois sidérants et totalement inattendus. On verra entre autres choses le sens de l'existence évalué par la rapidité avec laquelle une adolescente dévore une pomme, des miracles théistes visuellement ampoulés ( Godard n'a jamais caché son antipathie pour Cecil B. DeMille et ses Dix Commandements...) ou encore du petit écran vu sur du grand ( Télé-vision ).
Un film fascinant et plein d'idées de cinéma, qui permet de re-voir autrement les films questionnés par Jean-Luc Godard. Une Oeuvre terriblement belle, excitante et post-avant-gardiste. Magnifique !