Deuxième film d'Angelina Jolie en tant que réalisatrice, il est peut-être plus intéressant de voir « Vue sur mer » aujourd'hui lorsque l'on sait comment s'est terminé le mariage très médiatique de celle-ci avec Brad Pitt. C'est assez curieux car lorsque j'y pense, il y a à la fois ce que j'aime et ce que je n'aime pas ici. D'un côté, Jolie donne indéniablement à son œuvre un côté très « poseur », « arty », ce soleil écrasant la Côte d'Azur apparaissant quelque peu cliché, le sérieux manque de densité comme le sentiment de répétition finissant par s'installer ne manquant pas de se faire ressentir, le « contexte historique » des 70's étant uniquement exploité à travers quelques détails et objets : un peu court.


De l'autre, et de façon assez étonnante, je ne peux pas dire que je me sois réellement ennuyé : malgré les réserves évoquées précédemment, on sent que l'actrice y croit, non sans maladresse, mais avec une certaine grâce. On a beau être constamment au bord de la caricature, ça passe, ces images très léchées, ce travail sur la lumière témoignent d'un vrai soin formel pour accompagner ce mélo qui, à défaut d'être franchement original ou réellement crédible, sait plutôt bien capter notre attention quant au roman de ce couple en pleine crise, sans que l'on sache exactement les origines de celle-ci. Ce qui aurait pu être ridicule fonctionne plutôt bien : le tenancier interprété avec délicatesse par Niels Arestrup, le couple Melvil Poupaud - Mélanie Laurent apportant un pendant « heureux » aux deux héros, les crises conjugales laissant place aux moments de complicité...


L'équilibre est assez juste, la prestation tout en retenue de Brad Pitt également, la sculpturale Angelina faisant preuve d'un bel effort pour apparaître le plus triste possible, sans convaincre totalement. Dommage que le dénouement soit aussi médiocre, non seulement ne justifiant absolument pas (notamment vis-à-vis de son mari) le comportement de l'héroïne depuis le début, mais surtout s'avérant extrêmement banal et décevant, à l'image d'un


« happy end »


sonnant franchement faux. De quoi être moins indulgent que je ne m'apprêtais à l'être, même si ce drôle d'objet signé par l'une des plus grandes stars du cinéma américain peut susciter la curiosité, notamment pour son raffinement formel un peu forcé, mais plutôt séduisant. Douglas Sirk peut toutefois reposer en paix sans la moindre inquiétude...

Créée

le 9 juin 2019

Critique lue 253 fois

3 j'aime

Caine78

Écrit par

Critique lue 253 fois

3

D'autres avis sur Vue sur mer

Vue sur mer
MCTM
9

Mr. & Mrs. Pitt

Alors que les critiques sont loin d'être enchantées à son propos, je me suis quand même réjoui de découvrir ce film au cinéma, dès la bande annonce j'ai été saisi par la réalisation et l'histoire...

le 7 janv. 2016

11 j'aime

Vue sur mer
ThierryDepinsun
8

Critique de Vue sur mer par ThierryDepinsun

La Nouvelle Vague. Ce courant français ayant en grande partie changé notre vision du cinéma, mais qui a surtout réussi à créer un rejet absolu du public, tant certains faux cinéphiles ne jurent que...

le 18 déc. 2015

9 j'aime

Vue sur mer
Gahisto
1

Le Mépris du pauvre

Je crois que c'est le film le plus pourri que j'aurai vu cette année... On commence déjà par un pitch de départ bien cliché : L'écrivain raté, alcoolique part dans le sud de la France pour trouver...

le 7 déc. 2015

8 j'aime

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du monde
Caine78
3

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

le 25 sept. 2021

25 j'aime