Deuxième film réalisé par Madonna, il reprend en parallèle deux destins de femmes bafouées à 60 ans de distance, respectivement la relation entre Edouard VIII, roi d'Angleterre en 1936 et Wallis Simpson, une américaine qui a provoqué le scandale par ses deux divorces, ainsi qu'une jeune femme (Wally) New-Yorkaise de 1998 qui vit dans l'illusion d'un mariage où son médecin de mari la trompe à tout va. Cette dernière va voir le parallèle évident de sa vie avec Simpson lors d'une vente aux enchère organisée par Sothesby's et la promesse d'un futur bonheur...
Je l'avoue : j'ai vu ce film en trainant de lourds sabots, avec Madonna aux commandes, et au final, c'est une bonne petite surprise, car la réalisatrice sait faire montre d'une certaine ambition.
Le film bascule sans arrêt entre 1936 et 1998, souvent soit en faisant un travelling latéral (comme chez ... Angelopoulos !), ou alors par des fondus enchainés, et qui répondent souvent entre les deux femmes sur leurs vies, à savoir qu'elles ne l'ont pas choisie, qu'elles sont sous influences de leur(s) épou(x). D'ailleurs, Wallis Simpson perdra sa première grossesse à cause de son premier mari qui la frappera, et Wally n'arrive pas à tomber enceinte à cause du refus de son mari de coucher avec elle, ce qui sera expliqué plus tard dans le film.
Si vous avez déjà vu Le discours d'un roi, il y avait un (long) passage sur la décision très controversée d'Edouard VIII d'abandonner son trône pour l'amour de son Américaine. Le film de Madonna reprend exactement ce moment-là, avec les conséquences néfastes que ça apportera au couple, à savoir qu'ils vivront quasiment comme des parias et exclus de leur propre pays.
Les scènes de 1998 sont plus traditionnelles, et vont prendre un tournant plus romantique lors de la visite chez Sothesby's, et la rencontre décisive entre Wallie et un jeune vigile d'origine russe, interprété par un Oscar Isaac très touchant, l'opposée de son mari.
Bien loin de l'influence d'un Guy Ritchie (son ex-mari), Madonna propose un film au ton très classique en somme, peut-être un peu trop léché (elle aime la belle image, et elle veut que ça se sache), et quelques tics un peu trop maniérés (pourquoi des plans qui passent en noir et blanc ou qui sont soudain à l'envers ?). En fait, la principale question est de se demander, malgré ses qualités, pourquoi Madonna a voulu réaliser ce film ? Autant son premier essai, Obscénité et vertu (que je n'ai pas vu), se voulait un hommage à la Nouvelle Vague, celui-ci ne comporte à priori rien de son univers. Seule signe de présence, celle-ci chante durant le générique de fin une chanson nommée "Masterpiece". La musique est elle aussi un peu trop présente durant le film.
Par contre, très bonne direction d'acteurs, où l'on retrouve Abbie Cornish (Bright Star, quand même) ou James d'Arcy.
Au final, il n'en restera peut-être plus rien, mais le film n'est certainement pas à jeter ; peut-être trop parfait, dirais-je, mais non dénué d'une certaine ambition. Même si ça vient de Madonna, c'est déjà pas mal.