Wahou commence avec la visite d'une maison par une agente immobilière jouée par Karine Viard. Le bien n'est pas facile mais avec beaucoup de charme, et les acheteurs potentiels, une communauté de musiciens disparates, difficiles à réunir autour de ce moment particulier que peut être la visite du lieu où se vivra une ou plusieurs années de notre vie, voire potentiellement tout le reste.
A cette première scène succède une autre, dans un appartement en location, cette fois, dont l'agent ou conseiller (Bruno Podalydès) n'arrive pas à trouver les clés et court s'adresser au gardien dans un immeuble sans ascenseur, pendant que son très jeune couple de visiteurs s'embrasse et monte en température avant que leur parent caution ne fasse irruption pour inspecter les lieux.
Revoilà la maison de charme du début, elle nécessite beaucoup de travaux et le RER passe au fond du jardin, mais elle est piscinable. C'est important, nous le savons, comme tout téléspectateur ayant visionné une émissions sur l'immobilier, avec ou sans stéphane Plaza, le savent. Et bruno Podalydès aussi.
Sauf qu'ici, la maison se dévoile autrement et échappe aux tentatives. Le formatage n'est pas son truc, c'est généralement le cas quand on ne manque pas de caractère. D'autant que ses propriétaires n'en manquent pas non plus. Elle leur ressemble, le temps de leur séjour. Un lieu s'inscrit sur un autre temps qu'une existence humaine,et, comme le signifie le personnage de Sabine Azéma, la force de nos vie est de nous entrainer ailleurs à sa suite, si le besoin s'en fait sentir.
Il y a des passages savoureux, l'explication notamment de la différence entre les propriétaires et les locataires, mais le récit se fait au fil de l'eau, pas si éloigné en cela du plus que recommandé Comme un avion du réalisateur, avec moins de fantaisie et plus de mélancolie. Les personnages sont sur leur lieu de travail et fendent moins l'armure ou bien l'âge prend ses quartiers; l'habitude, le poids de la vie pour cette infirmière à la peine.
A un moment, le personnage de Karine Viard fond en larme en parlant du piano, révèle la douleur du deuil qui l'habite. Et combien elle reste attaché à son appartement, trop petit peut-être, elle pourrait sûrement trouver plus grand, mais qu'elle avait choisi à deux.
Car il y a une clé à ces angoisses, suggère le film en toile de fond, et c'est de se retrouver avec quelqu'un, qui vous regarde. A deux, à trois, à quatre. Quand les enfants sont partis ou, quand notre vie a pris un autre chemin, quand un proche a besoin de nous. Certains sont nés pour porter m'a confié un jour une directrice d'établissement de ma connaissance. Je ne sais pas si elle avait raison, mais on ne bâtit certainement rien seul. D'ailleurs dans ce film, même les promoteurs requins, à l'affut de terrains à bâtir sont des frères. Et pour habiter ce monde, il faut un lieu. Pour se retrouver seuls ensemble et faire l'amour, comme ce jeune couple qui ne peut se soustraire au besoin de se toucher, comme une invitation transgressive du jeune agent et son amie; un lieu pour se retrouver, passer le temps ensemble, se regarder vivre.
Ces scènes se succèdent, et le film ne pourrait être que ça, jusqu'à ce que cette forme imprègne le spectateur et prenne de l'épaisseur. Bruno Podalydès continue son exploration de nos angoisses existentielles. D'un projet flou, il devient limpide. Presque trop simple en apparence. C'est un art.