Un pamphlet anti colonialiste hélas excessivement caricatural et qui aspire trop visiblement à l'universalité pour traiter son sujet avec authenticité. En plaçant l'intrigue sur le terrain de la fiction conceptuelle le film se prive d'un contexte historique et politique qui aurait apporté quelques enjeux à l'ensemble, au lieu de ça on baigne dans la parabole vaguement dénonciatrice sans réel impact que chacun peut interpréter à sa sauce trop facilement.
Le rythme très lent colle assez bien à l'ambiance voulue et la réalisation contemplative non dénuée d'esthétisme enlève parfois le récit, mais ces longueurs plombent encore un peu plus la tiédeur de la démarche. A ça s'ajoute un casting tête à claques avec en première place Mark Rylance et son jeu ahuri des plus agaçants décliné sur 2 heures de métrage. Ca va de paire avec son personnage d'humaniste d'une candeur bien trop prononcée et surjouée, quant aux autres personnages la caricature est poussée encore plus avant avec des méchants très très méchants (tout de noir vêtus avec des lunettes de soleil et toute le reste de la panoplie) et des autochtones très très purs et victimisés comme il se doit. Bref un film-concept phagocyté par son manichéisme essentialiste éculé et qui échoue à proposer une vraie réflexion alternative sur le sujet.