Prudent, obtus, compatissant a-priori et de loin

Avec Wajma (tourné en langue dari – persane), l'afghan Barmak Akram a attiré les louanges des gardiens de prix culturels en Occident. Il y défend la cause des femmes, aux droits bafoués par les hommes (carrément) et d'abord par la loi ou le système moral, en tout cas dans son pays – où il n'est pas socialement recevable d'être enceinte hors-mariage. Le récit se forme « d'après plusieurs histoires vraies » ; une nuance pas cosmétique. Comme les précédents d'Akram, réalisateur du documentaire Le clown de Kaboul et de la fiction L'Enfant de Kaboul, le film se déroule à Kaboul et dans sa banlieue.


Par son approche Wajma est à la limite du film domestique et du pseudo-reportage intimiste. La mise en scène joue quelquefois sur le suspense en fonction de l'expectative d'un personnage, sinon ces façons sont écartées. Elle cherche à garder un recul sur la situation et à cadrer les protagonistes dans leur environnement, même lorsqu'ils sont seuls et/ou livrés à leurs émotions. Malgré ces dispositions ouvertes le point de vue est étroit – dès qu'il s'agit de dépeindre les vilains hommes, il devient borné. Ceux-là peuvent avoir leurs raisons mais ils auront surtout des faiblesses, pardonnées in extremis.


Dans tous les cas l'urgence concernant la femme-éponyme écrase tout sur son passage. Cet concentration a des effets favorables sur la forme et pour tenir l'attention, mais la richesse d'informations ou de considérations idéalement assorties manque à l'appel. L'essai est court et pas qu'en terme de durée. Il est plus large dans ses vues sur l'appréciation des faits par les personnes, mais pas sur les caractères eux-mêmes (très bien servis par le casting, surtout féminin ou secondaire). L'accent mis sur la furie et l'oppression du père permet de glisser vers les explications de texte contre la société patriarcale, puritaine et machiste. Enfin Wajma est proche de l'idéal du 'film d'auteur' puisque le réalisateur est presque à tous les postes de conception, mais engagé plutôt qu'esthète.


https://zogarok.wordpress.com/2016/12/04/wajma-afghan/

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le 3 déc. 2016

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Zogarok

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